samedi 23 avril 2005

LE CANADA ET LA COMMISSION INTERNATIONALE DES DROITS DE L'HOMME

Le scandale des commandites, la mort du Pape et l’élection de Benoît XVI ont laissé peu de place dans les medias pour commenter et analyser les positions adoptées par le Canada à la Commission internationale des Droits de l’homme.

Si le Canada a voté avec les Etats-Unis pour condamner nommément Cuba, il s’est par contre abstenu de s’allier à ce dernier pour demander « que le Groupe de travail sur la Détention arbitraire, le Rapporteur spécial sur la Torture, le Rapporteur spécial sur le Droit de toute personne à la jouissance du niveau le plus haut possible de santé physique et mentale et le Rapporteur spécial sur l’indépendance de juges et d’avocats, déterminent sur le terrain la vérité de graves accusations qui pèsent aujourd’hui sur le gouvernement des Etats-Unis à cause de leurs actes contraires aux droits de l’homme et à la dignité des prisonniers qu’ils gardent à Guantánamo. » Granma international.

GENEVE (AP) – « La Commission des droits de l'Homme des Nations unies a débouté Cuba jeudi de sa demande d'enquête sur les conditions de détention au camp pour terroristes présumés de la base américaine de Guantanamo, située à Cuba. Huit des 53 pays membres ont soutenu la résolution, contre 22 qui s'y sont opposés et 23 qui se sont abstenus. Le texte voulait obliger le gouvernement américain «à autoriser une mission impartiale et indépendante à enquêter sur les faits» à Guantanamo. Aux côtés de Cuba s'étaient ralliés la Chine, le Zimbabwe, l'Afrique du Sud, le Soudan, la Malaisie, le Guatemala et le Mexique, soulignant «les inquiétudes sérieuses» exprimées par des experts onusiens sur la situation des prisonniers de Guantanamo. »

Pourtant un rapport remis à l'ONU en mars dernier souligne de graves manquements des Etats-Unis au respect des droits de l’homme en Afghanistan et en bien d’autres endroits dans le monde. En voici quelques extraits :

"Les forces de la coalition doivent arrêter de se placer au dessus de la loi", estime ainsi l'expert dans son rapport, en citant notamment des "sévices sexuels, passage à tabac, actes de tortures et utilisation de la force ayant entraîné la mort, dénuement forcé, aveuglement, privation sensorielle..."

En plus de leur caractère illicite et condamnable, ces pratiques "sapent la réalisation du projet national" et "créent un climat politique défavorable qui risque de faire échouer le processus de paix", déplore-t-il.

M. Bassiouni dénonce également le flou et l'impunité dont profitent les "sociétés de sécurité privées" occidentales qui assistent les forces de la coalition et l'armée afghane sur le terrain.

Ces sociétés privées, toute comme les forces de la coalition, "détiendraient des individus" dans des endroits non localisés", et donc hors de tout contrôle.

"Selon les estimations d'ONG internationales, plus de 1.000 personnes ont été placées en détention, souvent après avoir été arrêtées avec un recours à la force excessif et sans discernement", écrit M. Bassiouni, en regrettant que la coalition continue de lui d'interdire l'accès à ses prisons. »

Il n’est pas surprenant, dans pareilles circonstances, que le Canada perde de plus en plus de sa crédibilité et apparaisse de plus en plus comme le pantin de son puissant voisin du sud. Si scrupuleux à l’endroit de Cuba, ennemi à abattre des Etats-Unis, et si froid à l’endroit des agissements internationaux de son puissant voisin du sud, il fait preuve de peu de profondeur dans ses valeurs et de grande dépendance dans ses intérêts. Je ne pense toutefois pas que ce soit là l’expression de la volonté des canadiens, pas plus d’ailleurs que de la démocratie qui nous inspire. Sur le plan des croyances profondes, il n’y a pas de place pour l’usage du deux poids, deux mesures. Cet usage fait de nous des hypocrites.

J’ai honte de mon pays lorsqu’il se prostitue et sacrifie ce qu’il y a de plus profond comme valeurs de liberté et d’indépendance.


Oscar Fortin

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