lundi 19 novembre 2007

LE PÉCHÉ DU CARDINAL ET L'APOSTASIE


Le Journal de Québec, du lundi 19 novembre 2007, nous présente une réflexion de M. Paul C. Bruno sous le titre : LE PÉCHÉ DU CARDINAL. Dans sa réflexion M. Bruno se scandalise des positions prises par le Cardinal sur les accommodements raisonnables et prends occasion de cette intervention pour étendre sa réflexion sur l’état de l’Église et le non sens qu’elle est devenue pour lui et pour le monde dans son ensemble. Il avoue qu’il a apostasié non pas pour se convertir à une autre religion, mais pour vivre l’amour le plus intensément possible dans la vérité de son être.


Cette intervention de M. Bruno, que je trouve courageuse et d’une très grande honnêteté, devrait secouer la foi de ceux et celles qui s’en réclament. Elle devrait également nous interroger tous, croyants et non croyants, sur les impératifs de l’amour, fait de justice et de vérité. Personnellement, ma foi dans les Évangiles et le Christ ressuscité, m’amène à abonder beaucoup dans le sens des interrogations soulevées par l’auteur. En effet, pendant que le monde est au bord d’une troisième guerre mondiale, que plus des deux tiers de l’Humanité demeurent soumis aux puissances des sociétés de consommation dont nous sommes, que nos soldats combattent en Afghanistan, tuant des centaines et des milliers de personnes et risquant eux-mêmes leur vie, que nous ignorons toujours les avenants et aboutissants de cette présence, nos autorités religieuses parlent de messe en latin, de moralité sexuelle, de participation du Pape au Congrès Eucharistique 2008, de retour aux pratiques liturgiques et cultuelles du siècle dernier. Le langage prophétique, l’affranchissement des pouvoirs en place et des privilèges qui en découlent ne sont plus au rendez-vous des grands défis du monde d’aujourd’hui. La déclaration de M. Bruno peut se rapprocher de cette proclamation du prophète Isaïe qui met dans la bouche de l’Éternel les paroles suivantes :


« Cessez d'apporter de vaines offrandes : J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas : Vos mains sont pleines de sang. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l'opprimé ; Faites droit à l'orphelin, Défendez la veuve. (Is.1, 13-17) »


Je partage avec l’auteur le fait que toute croyance qui ne devient pas un véritable ferment au service des grandes aspirations de l’humanité telles la justice, la vérité, la paix, la solidarité, l’ouverture d’esprit et de partage, en un mot l’amour traduit en gestes concrets dans le quotidien, devient vite un opium. Avec l’auteur « je crois en un Dieu qui est Amour infini et je crois que cet amour peut nourrir l’être humain sans qu’il soit nécessaire d’adopter un culte et des rites. » Toutefois, ma foi me permet de trouver dans certaines célébrations rituelles comme celui du Mémorial les remises en question toujours nécessaires pour continuer à aller de l’avant dans la bonne direction, celle d’une humanité en quête de justice et d’amour. À ce titre, je ne vois pas, à la différence de M. Bruno, la nécessité d’apostasier mon appartenance à la foi de l’Évangile et du Christ. Si l’enveloppe ecclésiale que constituent l’institution et les autorités hiérarchiques qui en sont aux commandes ne me conviennent pas, je n’en demeure pas moins rattaché par la foi à la communauté des croyants qui vivent pleinement l’Évangile et qui, dans des milieux comme l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie, donnent leur vie pour qu’il y ait plus de justice et d’amour. Le Christ demeure toujours pour moi un témoin présent et agissant dans le sens d’une humanité toujours plus juste et libérée des forces d’oppression et de domination.


Ce témoignage de M. Bruno rappelle à l’Institution ecclésiale qu’elle n’est plus seule à porter les grandes valeurs qui interpellent la communauté humaine. Beaucoup d’organisations et de mouvements non confessionnels et laïcs portent également ces grandes valeurs et en témoignent. Nombreux sont les croyants qui leur sont étroitement associés en dépit des condamnations qui leur viennent de Rome. La foi rend libre et n’est le monopole d’aucune hiérarchie. Elle est d’abord et avant tout un don personnel de Dieu.

Oscar Fortin
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Québec (Qué)
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