lundi 12 mai 2008

DU DÉVOUEMENT, DU RESPECT ET DE LA COMPÉTENCE

Je reviens d’un séjour de 9 jours au département de cardiologie de l’hôpital de l’Enfant-Jésus. J’y allais pour l’implantation d’un vibrateur cardiaque. C’est dire que je n’étais ni souffrant, ni dans un état de grande dépendance. J’avais le temps de voir, de parler, de réfléchir et de me laisser imprégner de ce milieu bien particulier.

J’y ai d’abord vu des malades, certains et certaines un peu perdus dans leurs souffrances, d’autres essayant de tuer le temps soit en jouant à la patience, soit en lisant et relisant le même journal, souvent pendant deux à trois jours. J’y ai vu de vieilles personnes n’ayant aucune autonomie, ne pouvant par elles-mêmes se lever, aller à la toilette, s’asseoir ou se coucher. J’y ai vu des bénévoles ou des parents passer des journées entières au côté de leur malade. Certains malades étaient là depuis des semaines, attendant leur tour pour une intervention chirurgicale à l’hôpital Laval. Évidemment de la solitude pour plusieurs sans beaucoup de contacts avec leur famille. Souvent des pleurs qui font mal de la part de personnes qui ont tout un vécu.

Que dire maintenant de ce va et vient de ces préposés (es) à la maintenance faisant un peu de tout: lavage quotidien des planchers, distribution des repas, lever, coucher, accompagner aux toilettes les malades les plus dépendants? Humbles dans leurs comportements, discrets (es) dans leurs propos, ils et elles n’en sont pas moins un chaînon important dans cette fourmilière qu’est un département d’hôpital. Ces hommes et ces femmes se prêtent plus facilement aux confidences des uns et des autres, en étant constamment en contact avec le malade pour ses besoins les plus élémentaires.

Le cœur de tout ce va et vient se trouve de façon toute particulière dans ces infirmières et techniciennes qui vont d’une chambre à l’autre, d’un lit à l’autre, d’un malade à l’autre, car c’est bien le malade qui est l’objet de leur attention. D’un pas accéléré du matin au soir et du soir au matin, elles se prêtent avec beaucoup de patience aux attentes des uns, aux préoccupations des autres, aux urgences qui se présentent. J’y ai observé une solidarité et une entraide que je n’aurais jamais soupçonnées. Dans 99% des cas, le sourire y était accompagné d’un grand respect. Ayant observé le comportement d’un malade plutôt particulier, je me suis permis d’en faire la remarque à une infirmière. Elle m’a répondu sans arrêter sa démarche : « je ne saurais dire, je suis ici pour le malade. » Une leçon que j’ai prise et pour laquelle je l’ai remerciée. En effet, les comportements de certains malades peuvent être bizarres et parfois se prêter à certaines risées, mais il est d’abord et avant tout un malade à respecter et à soigner. Voilà la leçon qui m’a été donnée. De quoi inspirer ces jeunes stagiaires qui venaient éprouver leurs connaissances et leurs habiletés avec l’aide encourageante des plus expérimentées.

Tout ce mouvement n’aurait de sens s’il n’y avait pas la présence de médecins dévoués et compétents. La période qui m’a touché, j’ai pu observer deux médecins spécialistes et un stagiaire à l’externe. Le premier je ne l’ai vu que les deux premiers jours : il arrivait vers 7h30 le matin et repartait vers les 18h30 le soir. C’était un samedi et un dimanche. Le second, je l’ai observé tous les autres jours. Tôt le matin (7h30) il s’attelait aux nombreux dossiers et partait avec son charriot visiter chaque malade, évaluer l’état des mesures médicales prises à son endroit, expliquer au stagiaire externe certaines choses et échanger avec ce dernier sur d’autres. Rarement je ne l’ai vu repartir le soir avant 19h et parfois davantage. Ce rythme a été maintenu jusqu’au dimanche, jour de mon départ. De quoi inspirer et reconnaître l’amour et la passion que portent à leur profession ceux et celles qui en ont la vocation.

La leçon de toute cette histoire c’est qu’il ne faudrait pas que le 1% des incompétents, qui pensent tout savoir et croient devoir tout mener, fasse oublier ces autres 99% qui font vivre avec autant d’énergie, de dévouement, de compétence et de respect un tel département.

Pour ma part je tiens à vous en remercier et à partager avec vous ces observations que m’a inspirées mon séjour chez vous.

Oscar Fortin, patient de la chambre 4503/1

Ce 12 mai, 2008, 5hres.


Note : les photos ne représentent pas le personnel du département, mais les fonctions de ce dernier.

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