mardi 21 octobre 2008

BOLIVIE: LA MARCHE D'UN PEUPLE


Au moment où le monde se débat avec la plus grande crise économique de son histoire, le peuple le plus pauvre de l’Amérique du Sud vient de tourner ce qui deviendra une des plus belles pages de son histoire en donnant l’exemple à l’humanité entière de ce qu’est le courage, la détermination, la persévérance et le respect.


La plus vieille civilisation de nos Amériques, celle qui avait gravé dans les pierres des Andes la sagesse de ses ancêtres et qui était devenue, avec les conquêtes du Nord, une référence de main d’œuvre au service des empires à la recherche des trésors cachés des montagnes et des bas plateaux, REPREND LE FLAMBEAU DU DEVENIR DE L'HUMANITÉ. Ignacio Ramonet, Directeur du Monde Diplomatique, décrivait, en 2003, cette situation en ces termes :


« En Bolivie, pays d’à peine 8,5 millions d’habitants disposant d’un des sous-sols les plus généreux de la planète, une poignée de nantis accaparent les richesses et le pouvoir politique depuis deux cents ans, tandis que 60 % des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les Amérindiens ­ majoritaires ­ demeurent discriminés, la mortalité infantile atteint des taux indécents, le chômage est endémique, l’analphabétisme domine et 51 % des gens ne disposent toujours pas d’électricité. Mais cela ne modifie pas l’essentiel : il s’agit d’une « démocratie. »


Chaque fois que ce peuple s’est levé pour reprendre sa place sur cette terre qu’est la sienne, les coups d’état se succédaient, laissant aux militaires de faire les purges au sein des leaders ouvriers ou des professeurs d’université trop près des préoccupations de ces Amérindiens. En 1971, alors que j’étais au Chili, un coup d’État militaire, dirigé par le général Hugo Banzer, se produisit. Le père Maurice Lefebvre, missionnaire québécois, œuvrant comme professeur de sociologie à l’Université de la Paz, avait été froidement assassiné avec des centaines d’autres alors qu’il allait secourir des blessés. La stabilité et l’ordre étaient nécessaires pour assurer le pillage dans la paix et dans la plus grande sécurité.

De nombreuses années passèrent et, en 2005, le premier indien, de l’histoire des conquêtes, est élu Président de la Bolivie. Evo Morales est ce militant syndical dont toute la carrière se résume en une lutte constante pour obtenir justice, respect, et plein pouvoir de son peuple sur les richesses de la Bolivie afin de les mettre au service du développement de tous et de toutes. Depuis ce jour, les tentatives d’assassinat se sont multipliés, les campagnes de dénigrement se sont faites toujours plus intensives et les tentatives de déstabilisation du gouvernement y incluant cette toute dernière tentative de le renverser par une guerre civile.

Toujours est-il que le 13 octobre dernier des milliers de boliviens et boliviennes ont pris le chemin, au pas de marche et sandales aux pieds, en direction du Parlement à plus de 200 kilomètres, pour exiger de l’opposition leur droit à se prononcer sur la nouvelle constitution, celle-là même qui leur reconnaîtra tous leurs droits. Après une semaine de cette longue marche, les rangs se sont gonflés et un peuple tout entier s’est reconnu. Plus de 200 000 personnes ont occupé le centre de La Paz pour y attendre le vote autorisant le Président à leur soumette cette nouvelle constitution. Ce n’est qu’à 14h00, ce mardi, 21 octobre, que le Congrès a donné son accord. C’est le Président lui-même qui était en compagnie de ses compatriotes, depuis plus de 21 heures sans dormir, qui donna lecture de la loi de convocation. UN MOMENT MAGIQUE, PLEIN D’HUMANITÉ ET D’HISTOIRE. Ce furent des larmes de souffrance converties en larmes d’espérance, ce furent des accolades qui se transformèrent en une nouvelle solidarité. Un exemple de démocratie que bien peu de celles que nous vantons tant arriveraient à égaler. Et dire que nous avons été de ceux qui avons tout fait pour miner la crédibilité de cette démocratie montante, par nos médias, nos influences politiques et économiques.

C’est vraiment avec une grande émotion que je partage cette victoire courageuse de ce peuple de qui nous avons tellement à apprendre. Les martyrs des siècles derniers et ceux encore tout récents sont certainement de la fête. Leur sang n’aura pas été versé en vain. Vive le peuple bolivien, vive Evo Morales et tous ceux et celles qui le secondent.


QUEL EXEMPLE !

Oscar Fortin
21 octobre 2008

lundi 13 octobre 2008

LE CARDINAL OUELLET SERAIT-IL EN CAMPAGNE?


Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il sait préparer ses sorties de manière à profiter des tribunes internationales pour rayonner son message et son image. On se souviendra de son MEA CULPA, en 2007, juste avant de partir pour Rome. C’est de là qu’il commenta à l’intention des journalistes de la planète le sens et la portée de ce geste. Cette fois-ci, c’est la traduction et la publication dans la revue Vita y pensiero de l’Université de Milan du Mémoire présenté à la Commission Bouchard-Taylor, qui lui donne l’occasion d’occuper une place de choix dans nos médias et ceux du monde entier. Cette publication coincide avec sa présence au Synode des évêques. Rappelons que dans son mémoire, le cardinal Ouellet accusait les médias de propager le discours des opposants au catholicisme. Il croit que le Québec est mûr pour une nouvelle évangélisation en profondeur

Si tout cela est bon pour sa visibilité, ce l’est beaucoup moins pour la vitalité de l’Église. En effet, les commentaires que ses diverses interventions ont pu susciter chez de nombreux chrétiens, ne semblent pas l’avoir influencé. Il se fait la voix d’une l’Église qui réjouit les courants conservateurs et traditionalistes, mais laisse en marge les courants de pensée renouvelés par une relecture des Évangiles et des réalités du monde contemporain. Bien des prophètes, des docteurs, des pasteurs et des évangélistes ne trouvent pas leur place dans pareil discours.

Il y a toujours un risque pour un membre de l’Église, peu importe ses fonctions, de se prendre pour l’Église elle-même. C’est oublier qu’elle est avant tout un CORPS VIVANT dont les membres disposent de dons qui leur viennent de Celui qui en est la Tête, le Christ lui-même. « À chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don du Christ…Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs. » (Éphésiens 4…)

Depuis son arrivée à Québec, le Cardinal Ouellet a eu de nombreuses interventions, faites au nom de l’Église et sans que les membres de cette même Église aient été écoutés dans leur diversité et selon les dons de chacun. Il donne l’impression de quelqu’un qui porte tous les dons : apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, docteur. En 2005, plus de 40 croyants, porteurs de ces divers dons, lui écrivaient une lettre ouverte pour lui rappeler que l’Église débordait de beaucoup sa personne et sa fonction et qu’ils ne partageaient pas la compréhension qu’il se faisait de l’Église et du modèle ecclésial qu’il mettait de l’avant:

« Depuis votre nomination comme archevêque de Québec, plusieurs de vos prises de position, répercutées par les médias, nous indisposent. Elles donnent en effet à notre Église un visage que nous refusons. Membres à part entière et de plein droit de l’Église catholique qui est au Québec, nous jugeons nécessaire d’intervenir publiquement pour manifester notre désaccord avec le modèle ecclésial que vous mettez de l’avant. Nous le faisons sur la base du « sens de la foi » que nous confère notre baptême. » (Le Devoir du 25 février 2005, p. A9)

Trois ans ont passé depuis cette lettre et force est de constater, qu’en dépit des demandes de pardon, notre cardinal en rajoute, cette fois sur la scène internationale, en laissant, du Québec et de son Église, une image qui est loin d’être partagée par ces derniers. Nous sommes loin de cette recommandation de ce vieux Pierre dont la fougue en avait fait un être imprévisible mais que le temps et le vécu avaient transformé en pasteur humble et ouvert :

« Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu; non pour un gain sordide, mais avec dévouement; non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau. » (P.5, 2-3)

Je me refuse, comme croyant et témoin d’Évangile, à ce que l’Église soit l’otage d’une certaine élite qui souhaite en contrôler les principaux rouages y incluant celui, exclusif au Christ et à son Esprit, de la distribution des dons. L’Église sera toujours plus que l’addition de tous ses membres et à plus forte raison, de cette élite qui ne demanderait pas mieux que d’en être le maître. Heureusement, il y aura toujours des prophètes, des docteurs et des pasteurs pour en dénoncer la perversité. Et, monsieur le Cardinal, si c’était le Vatican et l’organisation ecclésiale qui étaient mûrs pour une nouvelle conversion!

Oscar Fortin, théologien et croyant

http://humanisme.blogspot.com/

Québec, le 13 octobre 2008

jeudi 9 octobre 2008

HABACUC

Je suppose que peu connaissent ce nom et encore moins le personnage qui le porte. Pourtant, avec ses trois petits chapitres d’un livre qui figure dans l’Ancien testament, il soulève des questions qui ne perdent rien de leur actualité.

Comment se fait-il que Dieu demeure insensible aux injustices et laisse courir les arnaqueurs qui s’emparent des richesses des autres sans dire un mot? « Pourquoi me fais-tu voir l'iniquité, et contemples-tu l'injustice? Pourquoi l'oppression et la violence sont-elles devant moi? Il y a des querelles, et la discorde s'élève. Aussi la loi n'a point de vie, La justice n'a point de force; Car le méchant triomphe du juste, et l'on rend des jugements iniques. » (Hab, 1,3-4)

Pourquoi laisse-t-il ces Chaldéens, anciens et nouveaux, impétueux et furibonds, traverser de vastes étendues de pays pour les piller et les soumettre à son joug? Pourquoi les laisse-t-il décider eux-mêmes de leurs droits comme si le droit des autres n’existait pas? « Tout ce peuple vient pour se livrer au pillage; Ses regards avides se portent en avant, Et il assemble des prisonniers comme du sable. Il se moque des rois, et les princes font l'objet de ses railleries; Il se rit de toutes les forteresses, Il amoncelle de la terre, et il les prend. Alors son ardeur redouble, Il poursuit sa marche, et il se rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu! » (Hab, 1,9-11)

Dieu serait-il donc trop pur pour voir le mal et regarder l’iniquité? Autrement, comment expliquer qu’il se taise et ne fasse rien quand le méchant dévore celui qui est plus juste que lui? « Traiterais-tu l'homme comme les poissons de la mer, Comme le reptile qui n'a point de maître? » (hab.1, 14)

Après toutes ces questions, notre prophète, a bien hâte d’entendre ce que son interlocuteur va lui répondre. « J'étais à mon poste, Et je me tenais sur la tour; Je veillais, pour voir ce que l'Éternel me dirait, et ce que je répliquerais après ma plainte. » (Hab.2,1)


RÉPONSE

« L'Éternel m'adressa la parole, et il dit: Écris la prophétie: Grave-la sur des tables, Afin qu'on la lise couramment. Car c'est une prophétie dont le temps est déjà fixé, Elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas; Si elle tarde, attends-la, car elle s'accomplira, elle s'accomplira certainement. Voici que vont mourir ceux qui n’ont pas l’âme droite, alors que le juste vivra par sa fidélité.»


«
La richesse est perfide et rend semblable à celui qui est ivre et arrogant. L'orgueilleux ne demeure pas tranquille; Il élargit sa bouche comme le séjour des morts, Il est insatiable comme la mort; Il attire à lui toutes les nations, il assemble auprès de lui tous les peuples. Ne deviendra-t-il pas pour tous un sujet de sarcasme, de railleries et d'énigmes? On dira: Malheur à celui qui accumule ce qui n'est pas à lui! Jusques à quand?... Malheur à celui qui augmente le fardeau de ses dettes!

Tes créanciers ne se lèveront-ils pas soudain? Tes oppresseurs ne se réveilleront-ils pas? Et tu deviendras leur proie. Parce que tu as pillé beaucoup de nations, Tout le reste des peuples te pillera; Car tu as répandu le sang des hommes, Tu as commis des violences dans le pays, Contre la ville et tous ses habitants.

Malheur à celui qui amasse pour sa maison des gains iniques, afin de placer son nid dans un lieu élevé, pour se garantir de la main du malheur! C'est l'opprobre de ta maison que tu as résolu, En détruisant des peuples nombreux, et c'est contre toi-même que tu as péché. Car la pierre crie du milieu de la muraille, et le bois qui lie la charpente lui répond. Malheur à celui qui bâtit une ville avec le sang, qui fonde une ville avec l'iniquité! Malheur à celui qui fait boire son prochain en y ajoutant du venin pour l’enivrer et voir sa nudité!

Tu seras rassasié de honte plus que de gloire; Bois aussi toi-même, et découvre-toi! La coupe de la droite de l'Éternel se tournera vers toi, Et l'ignominie souillera ta gloire. Car les violences contre le Liban retomberont sur toi, et les ravages des bêtes t'effrayeront, Parce que tu as répandu le sang des hommes, et commis des violences dans le pays, contre la ville et tous ses habitants.

Malheur à celui qui dit au bois: Lève-toi! A une pierre muette: Réveille-toi! Donnera-t-elle instruction? Voici, elle est garnie d'or et d'argent, Mais il n'y a point en elle un esprit qui l'anime.

L'Éternel pour sa part rempli et fait vivre l’univers de sa sainteté, que toute la terre fasse silence devant lui.
» (Hab.2, 1-20)

Pour conclure ce rappel du dialogue d’Habacuc avec son Dieu au sujet des calamités qui couvrent la terre et dont il est témoin, force est de constater que ce dialogue garde tout son sens pour les temps présents que nous vivons. Nous assistons à l’effondrement d’un empire qui était parvenu à étendre ses tentacules jusqu’aux confins de la terre et à décider de ce qui était bien et mal. La loi était devenue sa loi, le droit, son droit. Les créanciers frappent maintenant à sa porte et il ne peut plus répondre.

Son dieu, incrusté dans les pierres et sur des images, reste inanimé car il n’y a pas d’esprit en lui. Le temple du Dieu vivant est l’univers qu’il remplit de sa gloire. « Car la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent [le fond de] la mer. »(Hab.2,14) Un rappel que les idoles sont toujours là pour distraire, mais que le Dieu vivant se laisse rencontrer dans le monde et l’Univers. Là est son vrai temple.

Oscar Fortin

9 octobre 2008

mardi 7 octobre 2008

BENOÎT XVI ET LES MISÈRES DU MONDE



Les explications des malheurs du monde varient selon les multiples approches philosophiques, sociologiques, économiques, politiques, éthiques, théologiques, anthropologiques etc. Pour Benoît XVI, ces malheurs du monde s’expliquent par le fait que nous avons mis « Dieu » à la porte. Il s’en prend à ceux qui proclament la mort de Dieu pour mieux prendre sa place. Lors de l’ouverture, à Rome, de la XIIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, il s’en prend à "une certaine culture moderne ayant proclamé la mort de Dieu : "Quand les hommes se proclament propriétaires absolus d'eux-mêmes et uniques maîtres de la création" (...) "la chronique quotidienne" montre "que s'étendent l'arbitraire du pouvoir, les intérêts égoïstes, l'injustice et l'exploitation, la violence dans toutes ses expressions".

Ces propos ne sont pas nouveaux de la part de Benoît XVI. On les retrouve dans son livre sur Jésus de Nazareth et dans de nombreuses autres interventions. Dans tous les cas, il est toutefois difficile de décoder le sens qu’il donne à cette « mort de Dieu » dans le monde d’aujourd’hui. Se réfère-t-il à l’abandon du culte et des pratiques religieuses ? S’en prend-t-il au phénomène de la laïcisation des États et des sociétés ? Est-ce une critique des questionnements qui visent les institutions ecclésiales ? Se pourrait-il que dans son esprit « mort de Dieu » soit mort « du culte », mort d’une « certaine Église », « disparition du sacré » ? Depuis la nuit des temps le concept de « dieu » permet de couvrir bien des réalités, certaines des plus édifiantes, d’autres des plus criminelles. Il ne suffit donc pas de parler pour ou contre Dieu, encore faut-il savoir de quel Dieu on parle.

Lorsque les européens ont fait la conquête des Amériques, ils étaient porteurs de la croix et le nom de Dieu était présent dans tous les grands discours. Pour ces conquérants, Dieu n’était donc pas mort. Pourtant, l’histoire nous montre qu’au nom de ce même Dieu « ils se sont proclamés propriétaires absolus d’eux-mêmes et unique maîtres de ces nouvelles terres. » Encore plus récemment, nombreux sont les gouvernants et les chefs d’Église qui se sont unis dans une sainte alliance pour protéger des privilèges et sauvegarder un ordre établi leur assurant le pouvoir. Les régimes militaires en Amérique latine ont tous gouverné sous la bannière du Te Deum et procédé à l’élimination systématique de toutes les forces pouvant les menacer. Le plan Condor, de triste mémoire, illustre à merveille cette récupération de Dieu, qu’on ne veut surtout pas voir mourir, lui qui sert si bien la cause de la lutte au communisme, ce communisme qui est sans dieu. Et tout près de nous, que dire de ces apôtres de la foi que sont ces hommes politiques qui portent haut l’étendard de Dieu pour faire des guerres en Irak, en Afghanistan, en Palestine et ailleurs dans le monde ? Benoît XVI et G.W. Bush n’ont-ils pas témoigné de la foi qui les unissait au même Dieu lorsqu’ils ont célébré à la Maison Blanche et, par la suite, qu’ils se sont promenés dans les jardins du Vatican ? Pourtant, dans les deux États dont ils ont la gouverne s’appliquent ces propos de ce même Benoît XVI à l’ouverture du synode : « "la chronique quotidienne" montre "que s'étendent l'arbitraire du pouvoir, les intérêts égoïstes, l'injustice et l'exploitation, la violence dans toutes ses expressions". Ce n’est donc pas parce que la référence à Dieu n’y est pas qu’autant de malheurs existent.

On conviendra assez facilement que ce type de références à Dieu ne saurait par elle-même assurer la paix, la justice, la vérité, le développement et l’harmonie entre les humains. Qu’un tel « dieu » perde de son lustre et meurt ne devrait pas scandaliser ceux et celles qui luttent pour un monde meilleur, pas plus que ça ne devrait affecter le Dieu vivant. Il est curieux que Benoît XVI ne parle pas de Jésus de Nazareth, ce Dieu dont se réclament ces dirigeants du socialisme du XXIème siècle. Chavez au Venezuela, Morales en Bolivie, Lugo au Paraguay, Correa en Équateur sont tous inspirés par ce Jésus de Nazareth et par un monde en quête de justice, de vérité et de liberté. Dieu est là bien présent avec eux et eux avec lui. Pourtant, ils ont tous sur leur route une hiérarchie ecclésiale et une oligarchie nationale qui leur rendent la vie bien difficile. Les malheurs qui existent dans ces pays ne viennent donc pas du fait que Dieu soit absent ou mort, mais que ceux qui s’en réclament le comprennent bien différemment. Lorsque le Prix Nobel de la paix, Adolfo Pérez Esquivel écrit sa lettre au cardinal de Bolivie, Dieu est présent et bien vivant pour lui. C’est également le cas du Cardinal qui se définit comme le représentant de Dieu sur terre. Pourtant deux mondes les séparent. Comment expliquer cela par autre chose que « la mort de Dieu », le « rejet de Dieu », « l’absence de Dieu »?

Je pense que Benoît XVI y gagnerait à nous faire découvrir la présence et l’action du Ressuscité dans le monde. Pour les croyants authentiques, ils en sont la présence vivante, poursuivant son œuvre de libération, de justice, de vérité et de paix. On ne peut pas parler de Dieu comme si Jésus de Nazareth n’en était pas la seule présence véritable dans le monde. Ce dernier nous renvoie au sermon sur la montagne, à ses prises de position contre une certaine compréhension du religieux, à une nouvelle manière d’exercer l’autorité en servant et non en dominant. Le défi de l’Église d’aujourd’hui est moins celui de se porter à la défense et à la survie de ses propres institutions, mais d’être toujours plus au service d’une humanité en quête de respect, de justice et de liberté. Elle doit retrouver la liberté d’une parole libératrice. La complaisance et la langue de bois doivent céder la place à l’Esprit toujours innovateur et à l’œuvre dans le monde. Encore faut-il savoir le reconnaître.

Oscar Fortin

7 octobre 2008

jeudi 2 octobre 2008

LETTRE OUVERTE DE JÉSUS-CHRIST À GEORGES W. BUSH

En février 2005, j’avais publié une lettre qui mettait en scène Jésus-Christ s’adressant à GWB. Reprise, entre autres, par Top Chrétien, elle avait donné lieu à de nombreuses réactions. À la demande de lecteurs et lectrices, je remets en première page cette lettre qui garde toujours son actualité. Elle s’en trouve même renforcée. Il suffit de penser aux nombreuses initiatives prises par l’Administration BUSH, depuis 2005, pour contrer, entre autres, la montée des nouvelles démocraties en Amérique Latine : le soulèvement des préfets en Bolivie en vue de créer une guerre civile et justifier ainsi le renversement du gouvernement légitiment élu; les diverses opérations de sabotage mises en place pour renverser le gouvernement d’Hugo Chavez au Venezuela, allant même jusqu’à l’assassinat de ce dernier; son refus tout récent de lever l’embargo économique sur Cuba, le temps de lui permettre de rebâtir les zones dévastées par les ouragans récents qui ont détruit des centaines de milliers de maisons et des zones complètes de production agricole. Rien à y faire, il a maintenu avec fermeté ces mesures jugées par la communauté internationale comme moralement inacceptables. Dans tous ces cas, GWB n’a pas changé en rien de sa prétention de décider du bien et du mal et d’ajuster ses décisions politiques et militaires à cette classification dont il est le seul à connaître le secret. Les propos de Jésus-Christ à son endroit gardent toute leur actualité en ce moment de l’effondrement du système financier fondé sur le capitalisme sauvage de ceux qui en détiennent les ficelles.

Je vous remets en lien avec cette lettre ainsi que les références des commentaires qui ont suivi. Tous auront compris que son contenu, tout en étant étroitement inspiré des évangiles et de la pensée même de Jésus, est l’œuvre du signataire de ce blog. Bonne lecture et bonne méditation.