mercredi 27 octobre 2010

NESTOR KIRCHNER

UNE MORT QUE PLEURENT L’ARGENTINE ET L’AMÉRIQUE LATINE

Tôt ce matin mourait subitement Nestor Kirchner, ex-président de l’Argentine et actuel secrétaire général de l’Union des pays de l’Amérique du Sud (UNASUR). Moins connu que de nombreux autres chefs d’État, il n’en est pas moins un des personnages dont le rôle assumé en Argentine et celui joué dans les diverses instances régionales du Continent aura été déterminant pour vaincre la crise économique en Argentine et rendre possible l’émergence d’une Amérique latine plus intégrée et plus indépendante.

Tous se souviendront du marasme économique dans lequel s’est retrouvé l’Argentine après s’être soumise aux recettes de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) et avoir été victime de la corruption de nombreux de ses dirigeants dont l’ex Président Menem qui en est sans nul doute la meilleure représentation.

En 2003, lorsque Nestor Kirchner assume la Présidence, la dette du pays est de 144 400 millions $ et la pauvreté rejoint 60% des 37 millions d’Argentins et d’Argentines. Les anciens généraux qui avaient fait la pluie et le beau temps au milieu des années 1970, avec le retour de la démocratie, avaient été jugés et condamnés à la prison pour les crimes commis. Toutefois sous le gouvernement de Menem ils bénéficieront d’une amnistie, leur ouvrant ainsi la porte de la liberté tout en faisant une croix sur leurs crimes et ceux qui en avaient été les victimes.

C’est dans ce contexte qu’il a pris en main les destinés d’un peuple au prise avec autant de problèmes économiques, politiques et sociaux. Peu nombreux étaient ceux qui croyaient en sa capacité de relever l’économie du pays, de lutter contre la corruption et de redonner confiance au peuple. Sur ce dernier point il a supprimé la loi accordant l’amnistie aux militaires trouvés coupables de crimes, ouvrant ainsi de nouveau la voie à des condamnations. Sur le plan économique il a, entre autres, renégocié à la baisse la dette avec le FMI ainsi que les délais de paiement et il a relancé la production. Il a agi de telle sorte que l’Argentine a repris le chemin de la croissance et, en dépit des nombreux problèmes sociaux, il a pu reconquérir une certaine paix sociale.

Sur la plan des relations avec les autres pays de l’Amérique latine, il a toujours été un partenaire fiable, ouvert et particulièrement sensible aux conditions permettant de répondre le plus efficacement possible aux impératifs de justice et de compassion pour les plus défavorisés. Lors de la rencontre des pays des Amériques, en 2005, visant à étendre le traité de libre échange nord-américain à l’ensemble des pays de l’Amérique latine, il a été l’un de ceux qui s’y est opposé, se solidarisant ainsi avec le Venezuela, le Brésil et les autres pays émergeants du Continent. L’air de rien, il s’est taillé une réputation d’un chef d’État qui savait décoder les situations géopolitiques et qui avait l’art d’en débattre sans créer la suspicion.

Lui a succédé à la Présidence de l’Argentine, nulle autre que son épouse, Cristina Fernandez de Kirchner qui se révèle être une dirigeante qui sait où elle va et qui a également le doigté qu’il faut pour neutraliser en partie ses adversaires qui cherchent constamment à la piéger. Il ne fait aucun doute qu’il en a été jusqu’à la fin un sage conseiller, sans pour autant faire ombrage à celle qui sait très bien se débrouiller dans ce monde de la politique.

Au moment de sa mort, Nestor Kirchner, était le Secrétaire général d’UNASUR et avait déjà entamé diverses tractations avec les pays membres pour accélérer l’intégration régionale et faciliter la résolution de certains conflits dont celui des relations diplomatiques entre le Venezuela et la Colombie. Dans ce dernier cas les résultats furent concluants puisque les deux pays sont à renouer leurs relations sur tous les plans, politique, économique, social et culturel.

Sa mort subite arrive trop vite et trop tôt. Tous perdent un homme sur qui ils pouvaient compter et dont la présence était hautement respectée et recherchée.


Oscar Fortin

Québec, le 27 octobre 2010

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/argentine/chronologie.shtml

http://latinosstories.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/10/27/sans-nestor-que-va-faire-cristina-kirchner.html

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5h8kkqxPWCcMOQbSO7XSLsFFKfb5A?docId=CNG.6f3a9d83e932a2a449b31b0069b28f13.4b1




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vendredi 15 octobre 2010

LA PARABOLE DES MINEURS

LORSQUE L'HUMAIN EST INTERPELLÉ DANS CE QU'IL A DE PLUS SAIN

PLAN UN : De grandes émotions

Plus ignorés que connus, plus souvent sous terre que sur terre, plus enveloppés d’obscurité que de lumière, les voilà au centre d’une émotion et d’une solidarité qui vont au-delà des frontières, des croyances, des classes sociales. Plus d’un milliard de téléspectateurs et spectatrices ont suivi les premières heures de ce sauvetage.

Les médias ont su nous les montrer au fond des entrailles de la terre avec leur courage, leur détermination, leur discipline, leur volonté de vaincre un destin de mort et d’oubli. Ils ont tout autant permis de suivre tous ces mouvements à la surface de la mine de Sant José : les familles en état de veille permanente, les secouristes aux mille talents maniant de puissantes foreuses, et ces regards, en provenance de partout à travers le monde, tournés vers ce point minuscule du désert d’Atacama.

Avec des dizaines de millions d’humains de la terre, j’ai moi aussi pleuré devant ces scènes de grandes retrouvailles du conjoint avec sa conjointe, de l’enfant avec son père, du frère, de l’ami avec celui qu’ils croyaient ne plus jamais revoir. J’ai également ressenti comme une grande sympathie pour ce Président, multimilliardaire et ancien allié de Pinochet, qui se retrouvait comme par miracle en symbiose avec ces gens humbles, mais combien nobles et dignes. J’ai pensé un instant à la magie d’une conversion qui libère des ambitions du pouvoir et de la richesse et qui ouvre à une nouvelle fraternité, faite, celle-là, de vérité, de bonté, de justice, de solidarité allant au-delà de toutes les normes.

En somme, nous avons tous et toutes ressentis des vibrations faisant de nous des « humains .

PLAN DEUX : Des révélations surprenantes

Dans la grande région d’Antofagasta 277 des 300 mines en opération ne sont pas conformes aux normes dont celle de San José. Cette dernières aura été fermée en 2005, suite à un accident qui aura coûté la vie à un mineur, puis rouverte, en 2009, sans qu’il y ait eu toutefois les travaux nécessaires pour la rendre conforme aux normes de sécurité. De nombreux mineurs, ayant échappé à l’effondrement du 5 août, étaient présents sur le site du sauvetage, mais les médias n’ont pas fait écho à leurs protestations comme celle qui disait : « Arrête ton show Piñera, nous sommes aussi trois cents dehors » Ou encore ce commentaire d’un des rescapés : « San José est un cauchemar. C’était dangereux, je le savais, tout le monde le savait. Il n’y a qu’un mot d’ordre : productivité. »

Au début des années 1970, Salvador Allende, nouveau Président du Chili, avait nationalisé les principales mines du Chili pour en faire une source importante de revenus au service du peuple chilien. De nouvelles normes de sécurité, de conditions de travail, de redevances avaient, alors, été fixées. Avec le coup d’État militaire de Pinochet qui mit fin abruptement au gouvernement légitime de Salvador Allende, ces normes ont été mises aux oubliettes et les concessions faites aux initiatives privées ont été plutôt généreuses en ce qui a trait aux normes de sécurité, aux conditions de travail et aux redevances. Une révolution démocratique, plaçant les intérêts du peuple avant tous les autres, venait de connaître une fin tragique. Des milliers de morts, des dizaines de milliers de torturés et de prisonniers, près de cent mille réfugiés politiques dispersés un peu partout dans le monde. Le leader des 33 mineurs, celui qui est sorti le dernier, avait perdu son père assassiné par les milices de Pinochet, tout comme le second conjoint de sa mère, assassiné, lui aussi, et enterré dans une fausse commune.

Pendant que les médias retiennent notre attention sur la situation de ces 33 mineurs que l’on s’apprête à rescaper par un trou perforé dans le roc jusqu’à une profondeur de plus de 700 mètres, une trentaine de chiliens d’origine et de culture mapuches sont détenus dans trois pénitenciers au sud du Chili. Ils y ont entamé une grève de la faim qui dure depuis près de deux mois. Ils veulent attirer l’attention du monde sur le sort réservé à la nation Mapuche, sur leurs droits ancestraux relatifs aux terres sur lesquelles ils ont toujours vécu et qui, depuis la conquête, leur ont été enlevées en grande partie. Leurs luttes dans le sud du Chili visent donc à reprendre une partie de ces terres. Leur grève de la faim vise, entre autres, l’élimination de la loi, élaborée sous le régime de Pinochet, qui fait de ces militants du peuple Mapuche des terroristes devant répondre de leurs actes devant les tribunaux militaires et non les tribunaux civils.

PLAN 3 : Le regard suit les réflecteurs

Nous vivons l’ère de la globalisation et les technologies de communication dont nous disposons ont la capacité de nous transporter dans tous les coins du monde : du Nord au Sud, de l’Est en Ouest, des hauteurs du ciel aux profondeurs de la terre. Ils ont également cette capacité de nous conduire au cœur de conflits, de luttes, de nous faire partager de grandes peines tout autant que de grandes joies.

Ces réflecteurs ne se déplacent pas selon les critères d’un humanisme sans cesse à la recherche de ce qui est juste, bon et vrai, mais selon les volontés de ceux qui en ont le contrôle. Eh oui, ces réflecteurs ne sont pas autonomes. Ainsi, ceux que nous appelons les «magnats » des moyens de communication évalueront chaque situation. Pour la guerre en Irak, ils serviront la cause du Président Bush, en Afghanistan celle de l’OTAN. Il y a des causes qui se situent bien au-delà de ce que nous appelons vérité et justice. En ce sens, nous pouvons nous demander pourquoi, il n’y a pas encore si longtemps, ils ont attiré l’attention du monde sur ce prisonnier cubain de droit commun, converti pour la circonstance en « prisonnier politique », mort des suites d’une grève de la faim et non sur ces 30 prisonniers politiques chiliens mapuches (car aucun n’a encore été jugé) également en grève de la faim depuis plus de 60 jours.

PLAN 4 : Le discernement s’impose, la conscience veille

Le temps où l’argument qui faisait taire tous les autres était : « je l’ai lu dans un livre » ou « je l’ai entendu à la radio » ou « le curé (ou toute autre autorité) l’a dit » ne tient plus la route. Il nous faut donc ouvrir d’autres fenêtres que celles de nos téléviseurs pour y voir des choses que ces derniers ne laissent pas passer. Il y a l’information alternative qui permet l’élargissement de nos horizons tout autant que la rencontre de personnes au sens critique particulièrement développé. À la toute fin nous n’avons d’autres ressources que celles de l’humain qui nous habite et de notre conscience qui veille et nous éclaire. Lors de la toute première conférence des presse les mineurs ont tenu à rappeler: "Nous ne sommes ni des artistes, ni des terroristes, mais des mineurs".

DES RÉFÉRENCES DE LECTURE QUI INTERPELLENT

Sur le sauvetage des 33 mineurs au Chili

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21452

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21453

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-09-15-Mapuches

Sur la publicité des femmes contre la guerre en Afghanistan

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21457

Oscar Fortin

Québec, le 16 octobre 2010

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mardi 12 octobre 2010

AUTANT D'ÉTAT QUE NÉCESSAIRE ET AUTANT DE MARCHÉ QUE POSSIBLE

LES IMPÉRATIFS DU BIEN COMMUN SOUS GOUVERNE DE L'ÉTAT

La préoccupation que nous retrouvons derrière ce titre est celle de l’harmonisation des forces du marché avec les exigences du BIEN COMMUN d’une société. Dans nos démocraties modernes les libertés individuelles sont respectées et les initiatives privées encouragées. Elles le sont toutefois dans le cadre du respect des droits des autres et de la prise en compte des exigences du BIEN COMMUN dont l’État a l’ultime responsabilité.

Le débat auquel donne lieu l’exploitation et la mise en valeur du gaz de schiste nous oblige, comme société, à poser de nouveau la question des droits inaliénables de la société sur ses richesses naturelles tout comme ceux de l’État d’en encadrer l’exploitation de manière à ce que soient respectés les droits des propriétaires terriens, l’environnement et que les rendements servent prioritairement au développement du Bien commun de l’ensemble de la population. L’État ne peut se soustraire à sa responsabilité de rentabiliser au plus haut point ses ressources collectives pour que les revenus ainsi obtenus s’ajoutent aux budgets dédiés à la santé, à l’éducation, au logement, au soutien des personnes âgées etc. Cette responsabilité ne peut être transférée au privé. D’ailleurs ce dernier a une toute autre priorité : celle d’assurer les meilleurs rendements pour ses actionnaires. Le premier veille au grain pour que la société en soit la première bénéficiaire, le second, pour que ses actionnaires en retirent les plus grands bénéfices.

Ce rôle de l’État n’exclut d’aucune manière l’intervention du « privé », comme c’est d’ailleurs le cas dans nombre de secteurs où le privé vit des contrats que lui octroie l’État. C’est vrai avec tous les sous-traitants privés d’Hydro-Québec, des ministères du transport, de l’environnement, de la Santé et de diverses autres sociétés d’État. Rares sont les entreprises privées qui opèrent sans avoir recours aux subsides des gouvernements ou à des avantages fiscaux qui correspondent finalement à des contributions indirectes toujours fort importantes. Il y a un discours qui laisse entendre que l’État devrait s’occuper de tout ce qui n’est pas rentable et laisser au privé tout ce qui l’est. Je ne pense pas que les électeurs et électrices qui sont tous et toutes des actionnaires de l’État partagent ce point de vue. Le peuple s’attend plutôt à ce que l’État gère suffisamment bien l’usage des richesses du pays pour qu’il puisse répondre à ses besoins fondamentaux.

Le bon vieux pape Jean XXIII, peu de temps avant de mourir, a laissé un dernier message à l’Humanité sous le titre de PAIX SUR TERRE. Une encyclique qui reprend à son compte l’analyse des graves problèmes qui laissent en marge de la qualité de vie des sociétés développées plus des deux tiers de l’Humanité. Il y traite des exigences du Bien commun, des responsabilités des divers intervenants économiques et politiques ainsi que de celles des organisations internationales. Il y est question du rôle fondamental de l’État et de ceux qui en assument les responsabilités premières. Ces derniers doivent prendre tous les moyens pour que les exigences les plus fondamentales du Bien commun que sont la vie, la santé, l’éducation, l’alimentation, l’habitation, le respect, soient accessibles à tous et à toutes les composantes de la société. Ce rôle de l’État tout essentiel et nécessaire qu’il soit ne doit toutefois pas supprimer l’initiative privée qui doit, pour sa part, s’inscrire dans le respect de ces grands objectifs du BIEN COMMUN.

« 65. (…) l’action de l'État en matière économique, si loin qu'elle porte, si profondément qu'elle atteigne les ressorts de la société, ne peut supprimer la liberté d'action des individus ; elle doit au contraire la favoriser, pourvu que soient sauvegardés les droits essentiels de chaque personne humaine (48). » (PACEM IN TERRIS)

Cette pensée a été reprise en d’autres mots par nul autre qu’Hugo Chavez alors, qu’en 1999, il assumait pour la première fois son mandat à la Présidence du Venezuela.

" Notre projet ne veut pas une étatisation de l'économie, mais il n'est pas non plus néolibéral. Nous cherchons une voie moyenne, où la main invisible du marché collabore avec la main visible de l'État : autant d'État que nécessaire, autant de marché que possible. " (19 Richard Gott, Hugo Chávez and the Bolivarien Revolution, Verso, Londres, 2005, p. 175)

Dans l’un et l’autre cas, celui de Jean XXIII et celui de Chavez, l’État et le Privé ont un rôle important à jouer dans le développement de la société. Si les objectifs de l’État sont ceux du Bien commun, ceux du Privé sont par contre ceux du profit. Comme le disait récemment l’ambassadeur du Canada en Haïti, Gilles Rivard, les investissements du privé ne se font pas sur la base de la sympathie et de la solidarité.

« Le problème, c'est que ce n'est pas avec la sympathie et la solidarité qu'on fait des investissements, c'est plutôt avec un climat d'investissement sécuritaire et fiable», a-t-il affirmé sans détour à des dizaines de gens d'affaires et à deux ministres haïtiens venus discuter «investissements» et «création d'emplois» en Haïti. » Le Devoir, 5 octobre 2010.

Il y a donc inévitablement un arbitrage incontournable qui doit s’exercer entre les intérêts de la collectivité et ceux du privé. Il revient à l’État d’élaborer les lois qui doivent régir le rapport des droits qu’a une collectivité avec ceux qu’ont les individus et les corporations nationales et multinationales. Dans tous les cas, les prérogatives du BIEN COMMUN doivent s’imposer à celles du privé et si ces dernières n’en tiennent pas compte ou, pire encore, les bafouent, il sera alors de la responsabilité de l’État d’y remédier.

Le véritable problème du rapport de l’État avec le Privé ne vient pas du secteur privé aux mille visages, de ces entrepreneurs qui recoupent tous les métiers et toutes les professions, mais de celui qui est devenu un véritable monopole et dont les ressources lui permettent d’agir comme il l’entend au niveau des prix, des approvisionnements et de la distribution des biens et des services sur lesquels il a plein contrôle. Il parvient souvent à s’infiltrer dans les institutions politiques et à en contrôler des pans entiers. Une sorte d’état dans l’État qui ne répond plus à une démocratie mais à des impératifs corporatifs. Ce dernier type d’entreprises s’impose comme une véritable dictature sur les plans politique, économique et social. Pour de nombreux monopoles le Bien commun se ramène au bien de leurs intérêts corporatifs.

Tout récemment, le gouvernement d’Hugo Chavez est intervenu, entre autres, dans le secteur de l’alimentation en nationalisant une de ces entreprises qui avait le contrôle de l’approvisionnement et de la distribution des aliments. Elle pouvait créer à volonté la rareté des produits, augmenter les prix au-delà du normal et s’associer aux initiatives de gouvernements étrangers pour créer le chaos et renverser, bien que légitimement élu, le gouvernement en place. Après plusieurs avertissements, le gouvernement a pris la décision d’en prendre le contrôle et de permettre ainsi au peuple d’avoir accès en quantité suffisante aux produits alimentaires et à un prix beaucoup plus bas.

Il faut dire qu’il y a de ces monopoles qui s’ajustent aux prérogatives de l’État et qui, en dépit de redevances mieux ajustés au prix réel, continuent à faire des profits suffisants pour y justifier la poursuite de leurs activités. La Bolivie est parvenue à conclure plusieurs ententes avec des multinationales concernant ses droits sur les richesses de son sol. Ces redressements, dans les compensations financières, lui ont permis d’accroitre suffisamment ses revenus pour financer des développements importants dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la recherche. Sa croissance économique pour le premier trimestre de 2010 a été de 3.5% en dépit de la crise économique. Dire que ce pays était le plus pauvre de l’Amérique latine, il y a à peine quelques années.

Cette mise au pas des monopoles et des multinationales ne peut se faire qu’avec des gouvernants qui se refusent aux attraits de la corruption sous toutes ses formes. Leur engagement au service du bien commun de leurs commettants doit être sans faille. Il y a évidemment des coûts humains rattachés à pareille option. Certains y laisseront leur vie, d’autres vivront sous la menace constante de ces puissances financières qui n’acceptent pas d’être mis au pas des lois donnant priorité aux droits de la collectivité sur les leurs. Dans pareil cas, il ne peut être question de « gauche » ou de « droite », mais de justice et de respect à l’endroit de toutes les personnes qui constituent la société. Espérons que le Québec trouvera de ces gouvernants pour qui le peuple est plus qu’une corporation.

Oscar Fortin

Québec, le 12 octobre 2010

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dimanche 10 octobre 2010

« LES ASSASSINS ÉCONOMIQUES »

LORSQUE LA CONSCIENCE RETROUVE SA DIGNITÉ


Il y a de ces révélations qui jettent un baume sur la crédibilité de ceux et celles qui s’acharnent, contre vent et marée, à lever le voile sur ces mains obscures qui manipulent et façonnent le destin de gouvernements, de dirigeants politiques et de nombreux peuples. Il faut reconnaître le courage et l’impératif de conscience qui conduisent certains de ces acteurs à prendre la parole pour dénoncer des pratiques auxquelles ils ont eux-mêmes participé.


John Perkings est l'un de ces personnages qui passe aux aveux. Dans son livre tout récent « Confessions of an Economic Hit man ». Loin d’être un adepte de la « théorie » du complot, il en devient lui-même un acteur direct. Sa tâche a consisté pendant des années à corrompre des chefs de gouvernements et des Présidents. S’il a eu du succès avec plusieurs, d’autres ont su résister à ses avances fort alléchantes. Dans ces derniers cas, d’autres intervenants de la CIA, entraînés tout spécialement pour des actions plus radicales, prenaient la relève et allaient souvent jusqu’à l’assassinat.

Pour en savoir plus, je vous réfère directement à la présentation de l’entrevue accordée par Perkings à l’émissions « En Contexto“ au journaliste Rubén Luengas sur Telemundo 52 de Los Angeles. Vous y trouverez un texte de présentation et l’entrevue avec sous-titres français.

Bonne lecture. Ce sont là des faits troublants qui devraient nous sortir ne notre mutisme. Si de telles pratiques émanaient de gouvernements qui s’affirment ouvertement contre toutes ces formes d’impérialisme, nos journaux nous en parleraient pendant des semaines.

J’ajoute cette autre référence qui fait, cette fois, l’analyse des rôles joués par les grandes agences, NED-USAID, mises en place aux fins des mêmes objectifs. Les propos de l’analyste rejoignent ceux de l’acteur.


Oscar Fortin

Québec, 10 octobre 2010

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vendredi 8 octobre 2010

LES HOMMES D’AFFAIRES ET LE DÉVELOPPEMENT

Celui qui a défini le mieux l’esprit et les objectifs des « hommes d’affaires » dans le cadre du développement d’une nation, d’un pays est l’actuel ambassadeur du Canada en Haïti, Gilles Rivard. C’est à l’occasion du Forum des Affaires Québec-Haïti qu’il a eu ces paroles :

« …ce n'est pas avec la sympathie et la solidarité qu'on fait des investissements, c'est plutôt avec un climat d'investissement sécuritaire et fiable». (Le Devoir, 5 oct. 2010)

Cette définition va de soi lorsqu’on parle d’hommes d’affaires et d’entreprises, mais elle devient problématique lorsque ces mêmes hommes d’affaires se proposent de prendre le pouvoir d’un État et d’en gérer le développement à la manière d’une entreprise. Nous avons vu et voyons toujours les effets pervers d’un gouvernement sous tutelle d’oligarchies qui, par définition, sont le rassemblement des familles les plus puissantes d’un État. Dans ces cas, le bien commun de l’ensemble de la société est ramené et subordonné au bien commun de ces mêmes oligarchies. De plus, mieux vaut oublier la solidarité et la sympathie, pourtant indispensables pour saisir et répondre aux besoins les plus fondamentaux des personnes, des famille, des milieux les plus défavorisés. Ces dispositions humaines ne font pas partie des lois qui les régissent à moins qu’elles deviennent la référence d’un paternalisme humiliant ou encore d’une charité rentable.

Des hommes d’action, des hommes d’affaires veulent rendre le Québec rentable en en devenant ses dirigeants politiques. C’est ce que nous annonce M. Legault et que nous suggère depuis plusieurs mois, de sa chaire journalistique, Joseph Facal. Non seulement, cette annonce me laisse sceptique, mais devient une insulte à l’intelligence d’un peuple. Il est vrai que M. Legault a fait un succès avec son entreprise et que M. Facal a bien appris ses leçons de manipulation de l’opinion publique au journal espagnol, El Pais. Néanmoins, un Gouvernement n’est pas une entreprise et l’information, le monopole d’une seule élite.

Que de plus en plus d’entreprises soient davantage dépendantes de l’État, tant au niveau des contrats et des subventions que de toute cette liste d’avantages fiscaux dont elles bénéficient, est une évidence même. Ce serait malheureux pour elles que des gouvernements aux idéaux humanitaires viennent sabrer dans un certain nombre de ces dispositifs. Pas de doute que François Legault saura garder l’œil ouvert pour protéger les acquis et que Joseph Facal aura vite fait d’identifier ces aventuriers pour les mettre au pilori des socialistes, des communistes et des anarchistes. Ce n’est pas pour rien que les principaux médias savent répandre la bonne nouvelle qui répond, avant tout, aux intérêts de leurs bailleurs de fonds et qu’ils ont le jugement rapide pour condamner, dénigrer, défigurer tout ce qui peut nuire à ces mêmes intérêts. Je ne doute aucunement du profil de Joseph Facal qui saura répondre à de tels objectifs. Son stage en Espagne, dans un environnement beaucoup plus près de l’ex-Président de droite Aznar que de celui du socialiste Zapatero, l’actuel président, le confirme amplement.

Il n’y a pas de doute dans mon esprit que nous assistons à une offensive majeure de la droite canadienne et québécoise pour neutraliser tous ces rêveurs que nous sommes de croire que le Bien commun d’un peuple déborde de toute part le Bien particulier des oligarchies, et que le droit à l’indépendance ne se négocie pas. Tout prétendant à la gouvernance d’un peuple et d’une nation doit nécessairement avoir une solidarité et une sympathie à l’endroit de toutes ses composantes. Comme le dit si bien, l’ambassadeur du Canada en Haïti, les hommes d’affaires et les entreprises ne sont pas là pour la solidarité et la sympathie, mais pour faire leur profit.

L’homme d’État est là pour son peuple. Certaines de ces figurent émergent actuellement en Amérique latine. Je citerai celles d’Évo Morales en Bolivie, de Correa, en Équateur, de Chavez au Venezuela, de Lula, au Brésil, de Cristina Fernandez en Argentine et quelques autres que je laisse aux lecteurs et lectrices d’identifier. J'ose espérer que le Québec ait bientôt une telle figure qui saura incarner ses aspirations et son destin.

Que ce nouveau groupe se présente aux prochaines élections, c’est son droit. Qu’il sache toutefois que l’illusion du discours ne tiendra pas longtemps la route.

Les vrais indépendantistes le demeureront tout comme les vrais militants pour un monde plus juste et solidaire. Pour ces choses, il faudra toujours compter avec le peuple. La véritable histoire avance, fondée sur ces valeurs.


Oscar Fortin

Québec, 8 octobre, 2010-10-08

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