dimanche 28 novembre 2010

LES CONSPIRATEURS


« Conspirer » nous dit le petit Larousse c’est « s’entendre à plusieurs, se mettre d’accord pour renverser un dirigeant, un régime politique… ». En d’autres mots c’est se mettre d’accord à plusieurs pour modifier un ordre établi que ce soit en s’infiltrant pour en contrôler les principaux leviers ou encore en éliminant physiquement les irritants. C’est une prise de contrôle irrégulière du pouvoir d’un État ou de dirigeants.

Dans un contexte où la démocratie représentative est de rigueur et que le néo-libéralisme est le système à travers lequel s’articulent les relations économiques des individus, des corporations et de l’État, le terrain est fertile pour la constitution de groupes pouvant contrôler tout. Ceux qui en arrivent à contrôler les partis politiques deviennent en position de pouvoir pour contrôler les divers leviers de l’État, laissant ainsi libre cours aux intérêts corporatifs des monopoles auxquelles ils appartiennent. La démocratie se résume à l’acte de voter une fois tous les quatre ans et la liberté de la grande majorité se ramène aux espaces qu’on voudra bien lui concéder dans les médias et dans les réseaux commerciaux qui sont entièrement sous leur contrôle.

Au Québec nous atteignons un sommet dans la prise de conscience de cette présence très active de conspirateurs qui se sont glissés aux plus hauts niveaux des pouvoirs politiques, économiques et peut-être même judiciaire. Dans un excellent article que nous livre Richard LE HIR en relation au livre récent d’André Cédilot et d’André Noël au titre très évocateur MAFIA INC, grandeur et misère du clan sicilien au Québec, nous apprenons les rouages de la manipulation, de la corruption et de l’infiltration. Si dans cet ouvrage il est surtout question de la MAFIA associée au clan sicilien, n’allons pas croire qu’ils soient les seuls. Toutes ces révélations et celles à venir nous sortent de cette belle illusion d’une démocratie entièrement à notre service et de cette idée que nous en sommes les maîtres comme peuple.

Pendant qu’au Québec nous vivons la grande désillusion, à Washington, le 17 novembre dernier, se réunissaient des représentants de l’extrême droite gouvernementale avec des représentants d’oligarchies nationales latino-américaines. L’objectif de la rencontre se résumait à ceci : « comment mettre un terme aux pays émergents réunis dans l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA)? Comment se débarrasser du Président Chavez dont l’influence sur l’ensemble du Continent est immense? Comment miner cette nouvelle alliance (Alba) qui s’interpose comme alternative au Traité de libre échange des Amériques? En plein jour et sous les aires de la plus grande normalité ces personnes complotaient pour reprendre le contrôle de ces pays par des moyens autres que ceux gérés par les lois constitutionnelles de ces pays. Pas surprenant que les institutions de ce grand pays longtemps célébré pour sa démocratie exemplaire en soit devenue une caricature. Dans un excellent dossier que nous propose le site Voltaire on ne peut que constater que ces grandes institutions n’appartiennent plus à la démocratie, au peuple, mais aux lobbyistes et à ceux que ces derniers représentent. L’argent finit par tout acheter, sauf certaines consciences, qui en paieront souvent le prix par le sacrifice de leur vie.

Dans ce contexte, les révélations récentes que nous retrouvons dans l’ouvrage « Les Assassins économiques », de John Perkins, sont fort éloquentes. Une vidéo, animée par l’auteur, nous en fait un résumé. J’invite les lecteurs et lectrices qui ne l’auraient pas encore visionnée de le faire en se dirigeant à l’adresse suivante :

J’avais déjà écrit un petit article sur ce sujet.

Maintenant que nous savons, nous ne pouvons plus faire semblant que nous ne savons pas. Lorsque ces gens nous parlent de liberté, nous saurons que c’est de la leur et lorsqu’ils parlent de se serrer la ceinture nous saurons qu’ils parlent de la nôtre. Nous savons de plus qu’il ne suffit plus d’avoir lu dans le journal ou encore d’avoir entendu à la télévision ou à la radio telle ou telle chose pour que ce soit vérité d’évangile. La majorité des grands médias sont des machines bien huilées pour gérer les connaissances et les comportements de manière à les mouler aux intérêts de ces « conspirateurs » à cravate et au large sourire humanitaire.

Oscar Fortin,

Québec, le 28 novembre 2010 

samedi 27 novembre 2010

HAÏTI EN ÉLECTION


DÉMOCRATIE OU APPARENCE DE DÉMOCRATIE ?
Il n’est pas facile de dégager les trames de fond qui se retrouvent sous-jacentes dans la présente élection. Les intérêts sont tellement multiples et les forces en présence tellement disproportionnées. J’ai pensé, au moment où nos médias ne manqueront pas de nous alimenter de leurs nouvelles et commentaires, d’offrir aux lecteurs et lectrices de Vigile quelques références de lecture qui traitent sous des angles différents des divers aspects de la réalité haïtienne. Il sera sans doute intéressant de découvrir que près de 1200 médecins, infirmiers et infirmières cubains œuvrent jour et nuit pour contrer l’épidémie du choléra. Il sera également intéressant de connaître les pressions et interventions étrangères dans les orientations que devraient prendre ces élections. Je vous laisse donc avec ces lectures.

1. Un mois après l'éclatement de l'épidémie de choléra à Haïti, la brigade édicale cubaine continue à travailler d'arrache-pied pour libérer la population de cette terrible maladie, essentiellement dans les départements d'Artibonite, de l'ouest et du centre -les plus affectés du pays. Leur très haut niveau d'engagement envers la population implique que les hérauts cubains de la santé et de la vie continuent de lutter chaque jour contre une maladie qui a ôté la vie à plus d'un millier d'Haïtiens

2. Article de Julie Lévesque qui fait une analyse du contexte dans lequel se réalisent ces élections qu’elle dit illégales et sous occupation.

3. Le mouvement des femmes haïtiennes réclame le retour d’Aristide

4. Lorsque l’humanitaire se met au service du capital

5. L’ingérence étrangère en Haïti, autre article fort intéressant de Julie Lévesque

6. Le mouvement social haïtien a fait parvenir cette déclaration aux gouvernements et organisations réunis à Montréal, le 26 janvier, pour faire face à la situation en Haïti.

7. Pour ceux et celles qui voudraient en savoir plus sur le renversement du Président Aristide trouveront dans l’article de Thierry Meyssan de quoi alimenter un véritable roman à suspense.

Vive l’information alternative

Oscar Fortin,

Québec, le 27 novembre 2010

dimanche 21 novembre 2010

ACTION CONTINENTALE CONTRE L’ÉCOLE DES AMÉRIQUES

UNE ÉCOLE MILITAIRE AU SERVICE DES OLIGARCHIES ET DE L’EMPIRE

Depuis des décennies, cette École, sous responsabilité de l’armée des États-Unis, assurent la formation des élites militaires des divers pays du Continent latino-américain. Ce sont les gradués de cette dernière qui ont soutenu les dictatures, exécuté le Plan Condor et déstabilisé de nombreux gouvernements démocratiques. Ils ont à leur crédit des dizaines de milliers de morts, des centaines milliers de prisonniers, de torturés et plus d’un million d’expatriés un peu partout à travers le monde.

Depuis plus de 20 ans existe un Observatoire qui s’attaque à l’existence de cette École et qui en exige la fermeture. Pour la première fois des organisations du Mexique, du Guatemala, du Honduras, d’El Salvador, du Nicaragua, du Venezuela, du Chili, de la Bolivie, de la République Dominicaine, de l’Argentine, du Paraguay, de l’Équateur, du Brésil, du Pérou et des États-Unis s’unissent pour demander la fermeture de l’École des Amériques (Escuela de las Américas).

Cette campagne garde toute son actualité, car, malheureusement, beaucoup de ses gradués continuent à être responsables d’exécutions, d’enlèvements, de tortures et de disparitions. Dans la plupart des cas, ils jouissent de la totale immunité. Dix neuf pays, dont le Canada, envoient toujours de leurs soldats à cette École. La Colombie, le Chili et le Pérou sont en tête de liste pour le nombre de militaires qu’ils y envoient.

L’Observatoire demande au gouvernement d’Obama de fermer cette École, d’enquêter sur ce qui s’y est passé et d’amener les responsables de violations des droits humains devant la justice. Il s’oppose aux coups d’état militaires qui interfèrent dans la vie démocratique des peuples et dénoncent fortement la militarisation du Continent latino-américain avec la présence de la IV flottes et la présence de plus en plus fréquentes de contingents militaires dans plusieurs pays de la région.

Les instigateurs de cette École militaire sont les mêmes qui, aujourd’hui, nous parlent d’une école de formation militaire en Afghanistan. On nous présente le projet sous ses plus beaux aspects : aide humanitaire, liberté des populations, démocratie, solidarité humaine. Rien n’est dit sur les aspects pervers de l’opération : emprisonner, torturer, tuer, enlèvement et disparition.

Si déjà nous savons ce à quoi a servi l’École militaire des Amériques, il y a de bonnes chances à ce que ces projets nouveaux servent les mêmes objectifs. Derrière ces images de sauveurs d’humanité et de démocratie, il y a la cupidité d’oligarchies bien discrètes mais très présentes qui profitent de la manne de l’industrie de l’armement, des richesses du territoire et du contrôle de ces bons gouvernements démocratiques. Les gouvernements chantent en chœur sous la direction d’un chef d’orchestre à la main invisible mais dont l’identité nous échappe de moins en moins.

Éliminons de l’Afghanistan sa valeur stratégique tant du point vue politique qu’économique et nous n’y verrions plus l’OTAN et encore moins les États-Unis et le Canada. Les problèmes humanitaires et toute la chanson qui s’y rattache n’ont rien à y voir. Pensons seulement à Haïti, là où l’aide humanitaire se fait la plus urgente, il est laissé à lui-même. La contribution du Canada à ce pays, pourtant si près de nous, n’a rien de comparable avec les milliards $ investis en Afghanistan.

Jusqu’à quand nos gouvernements seront-ils les marionnettes des oligarchies et des industries militaires et jusqu’à quand le peuple canadien se laissera-t-il berner par ces discours humanitaires à faire pleurer?


Oscar Fortin

Québec, le 21 novembre 2010

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mercredi 17 novembre 2010

LA LUMIÈRE QUI FAIT MAL

«Rien n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. »



Cette prédiction qui remonte à plus de 2000 ans (Mt. 10, v.17) devient de plus en plus réalité en ces jours que nous vivons. Les serments dont nous entourons les secrets ne sauraient résister aux impératifs de conscience qui se nourrissent de vérité et de liberté. Des langues, en nombre toujours plus grand, se délient pour dénoncer l’inconcevable alors que de puissantes technologies telles celles de Wikileaks et de l’ensemble des réseaux d’information alternative permettent d’étaler au grand jour ce que nombre de nos élites politiques, religieuses et économiques croyaient bien à l’abri dans les chambres noires les plus secrètes et souvent protégés par les serments d’office. Le bon peuple, bien malgré lui, ouvre de plus en plus les yeux pour découvrir, chez bon nombre de ces hauts personnages, de véritables sépulcres blanchis dont l’intérieur est rempli de mensonges, d’iniquité et de pourriture.

Il ne fait pas de doute que le Québec, pour certains, vit des heures sombres, avec ces scandales qui touchent de façon particulière le monde politique, mais aussi financier et religieux. Pour d’autres, par contre, ça ne peut être qu’une bonne nouvelle qu’enfin soit levé le voile de l’hypocrisie et que la vérité retrouve tous ses droits. La bulle à l’intérieur de laquelle les médias et les principaux acteurs politiques, économiques et religieux gardent le peuple, commence à se fissurer. La naïveté se transforme en conscience et cette dernière en responsabilité. Fini le temps des chèques signés en blanc sans garantie aucune. Fini le temps de recevoir, sans analyse, ce que les chantres de nos grands médias nous proclament. Fini le temps de ces serments qui ne servent qu’à dissimuler la vérité et à déresponsabiliser ceux et celles qui les font. Fini le temps où l’habit faisait le moine et les belles apparences donnaient l’intelligence.

Le Québec ne devient-il pas, à travers cette prise de conscience de tous ces scandales, un véritable laboratoire où se diagnostique la nature de ce mal qui mine toute vie démocratique? Ne sera-t-il pas un des premiers à neutraliser ce mal et à la limite à le vaincre complètement? Ceux qui le regardent de l’extérieur avec suffisance et un certain mépris ne devraient pas se réjouir trop vite. Peut-être connaîtront-ils, plus vite qu’ils ne le pensent, des jours semblables sinon plus cruels encore. Le cancer de la corruption est un mal généralisé dans tous les secteurs de la vie de société. Il est là au cœur des églises, des gouvernements, des corporations financières et professionnelles. Il se nourrit d’argent, de sexe, de privilèges, de mensonges, de chantage, de dissimulation et de corruption. Aussi subtiles puissent-ils être les moyens utilisés pour en camoufler la réalité, ces derniers seront, un jour ou l’autre, mis en grande lumière. Ceux et celles qui en auront été les protagonistes souhaiteront, s’il leur reste encore quelque chose d’humain, que les montagnes les écrasent tellement sera grande la honte qui les envahira. La lumière éclairant la vérité de leur vie leur deviendra insupportable.

La liste des mises à jour de ces procédés utilisés pour tromper et pour régner déborde de beaucoup le cadre de cet article. Qu’il suffise de rappeler ces aveux de John Perkings, ex employé de la CIA, et dont la tâche était de corrompre les dirigeants de gouvernements latino-américains pour en faire des subordonnés et assurer ainsi le règne le l’Empire au service duquel il travaillait. Si cette approche de corruption n’obtenait pas les résultats escomptés, des commandos d’élite étaient alors déployés pour faire disparaître physiquement les récalcitrants. Dans la même ligne de pensée que dire du rôle que l’on a fait jouer au Vatican pour couvrir l’horreur des régimes militaires qui ont fait régner la terreur dans tout le Continent latino-américain? Jean-Paul II et Benoît XVI auront été de véritables alliés de l’Empire étasunien dans cette région du monde. Leur condamnation à répétition des théologiens porteurs d’une théologie de libération fondée sur les Évangiles et les réalités sociales de leurs milieux auront bien servi les objectifs des oligarchies. Ces dernières ont toujours pu compter, à quelques exceptions près, sur le support des nonciatures apostoliques et des cardinaux. Ces faits sont déjà bien connus et bien documentés et leurs auteurs ne peuvent plus se cacher derrière le voile de leurs honorables fonctions. La liste peut évidemment s’allonger et rejoindre le rôle joué par certains grands médias et certains journalistes qui ont plutôt choisi de sacrifier l’éthique de leur profession aux avantages des privilèges et de l’argent. Pas plus que les autres ces derniers n’échapperont à la lumière qui les mettra au grand jour.

Nous entrons sans doute dans une ère nouvelle où plus personne, aussi puissant puisse-t-il être, n’échappera à ce regard capable de percer les plus grands secrets. Dans la mythologie de l’Ancien testament il y a cette histoire de Caïn qui, ayant tué son frère, ne parvint plus à se soustraire à l’œil de dieu. Il y a actuellement quelque chose de semblable qui se produit avec l’éveil de la conscience à sa propre dignité et ces outils extraordinaires qui permettent de saisir ce qu’il y a de plus secret et d’en faire la diffusion dans le monde entier.

Que les manipulateurs, les dominateurs, les hypocrites, les profiteurs, les corrupteurs se le tiennent pour dit : la conscience des consciences vous a à l’œil.


Oscar Fortin

Québec, le 17 novembre 2010

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lundi 15 novembre 2010

NOUS SOMMES ÉGLISE


Cette petite phrase de trois mots prend tout son sens non pas tant en référence aux diverses églises chrétiennes telles que nous les connaissons comme institutions, mais plutôt en référence à ce Corps aux multiples membres articulés par le Christ lui-même qui en est la Tête et par son Esprit qui y distribue ses dons comme bon il l’entend. Nous sommes Église dans cette communauté qui porte l’espérance d’une humanité nouvelle et qui témoigne de l’avènement de l’homme nouveau porteur de vérité, de justice, de compassion et de solidarité.

Il y a dans les Écritures des repères qui ne peuvent être contournés et qui nous rappellent des vérités fondamentales. C’est, entre autres, le cas de ce que dit Paul aux Athéniens alors qu’il y annonçait l’avènement de Jésus de Nazareth, mort et ressuscité, leur rappelant que nous sommes tous et toutes de la race de Dieu. Ainsi, c’est l’humanité toute entière qui est sacrée et qui est appelée à retrouver son sens originel.

" Que si nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l'or, de l'argent ou de la pierre, travaillés par l'art et le génie de l'homme. Or voici que, fermant les yeux sur les temps de l'ignorance, Dieu fait maintenant savoir aux hommes d'avoir tous et partout à se repentir, parce qu'il a fixé un jour pour juger l'univers avec justice, par un homme qu'il y a destiné, offrant à tous une garantie en le ressuscitant des morts. " (Act. 17, 29-31)

Cette conversion et ce repentir porte essentiellement sur les grandes valeurs qui donnent toute sa dignité à l’être humain : la vérité versus le mensonge et l’hypocrisie, la justice versus la cupidité et l’exploitation, la solidarité versus l’égoïsme et la domination, la compassion versus la rigidité et la suffisance. Être associé à ce grand projet d’une humanité nouvelle c’est entrer dans un monde de grande liberté. Encore là il y a plusieurs textes dans les Écritures qui nous parlent de cette liberté retrouvée. Je ne citerai que celui que nous livre l’apôtre Paul, alors qu’il s’adressait aux Corinthiens.

« Du moment que vous êtes morts avec le Christ aux éléments du monde, pourquoi vous plier à des ordonnances comme si vous viviez encore dans ce monde ? " Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ", tout cela pour des choses vouées à périr par leur usage même ! Voilà bien les prescriptions et doctrines des hommes ! Ces sortes de règles peuvent faire figure de sagesse par leur affectation de religiosité et d'humilité qui ne ménage pas le corps ; en fait elles n'ont aucune valeur pour l'insolence de la chair. » (Col. 2, 20-23)

Nous sommes Église d’abord et avant tout parce que portés (es) par l’Esprit qui assure notre liberté, notre vitalité et notre engagement selon les dons qu’il nous distribue en fonction du bien de tous et de toutes. À plusieurs reprises Paul parle de ce Corps aux membres multiples dont le Christ est la Tête et l’Esprit le témoin par excellence.

« A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. A l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit ; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit ; à un autre la foi, dans le même Esprit ; à tel autre les dons de guérisons, dans l'unique Esprit ; à tel autre la puissance d'opérer des miracles ; à tel autre la prophétie ; à tel autre le discernement des esprits ; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend. » (1 Cor. 12, 7-11)

Il est difficile de comprendre une présentation de l’Église dont les Têtes dirigeantes, le Christ et l’Esprit, nous sont intérieurs par rapport à une Église-Institution qui se substitue carrément au Christ et à son Esprit pour prendre le plein contrôle des dons de l’Esprit et de la gestion de l’Église. Je vois mal comment les voix discordantes de prophètes ou de sages puissent se faire entendre dans une telle organisation. De quoi nous interroger sur l'état actuel de cette église-institution. Les images apocalyptiques ne manquent pas pour illustrer cette situation.

DES QUESTIONS S’IMPOSENT

L’église institutionnelle à laquelle nous nous identifions, n’a-t-elle pas « désacralisé » l’humanité, pourtant créée par Dieu à l’Image de Dieu, et « sacralisé » une église plutôt créée par l’homme à l’image de l’ « homme »? Les débats sur le sacré et le profane, le religieux et la laïcité, le naturel et le surnaturel ne sont-ils pas viciés dès le départ dans leurs fondements mêmes? Ne sommes-nous pas tous et toutes de la race de Dieu?

L’engagement chrétien auquel nous convie l’église-institution rejoint-t-il vraiment celui auquel nous convie l’humanité à la recherche des grandes valeurs auxquelles se rattache son avenir ou n’est-il qu’un appel à sa propre survivance, comme institution, dans son organisation, ses rites et sa doctrine?

Comment réconcilier un monde qui se dit sacré alors qu’il est plutôt profane avec un monde que l’on dit profane alors qu’il est plutôt sacré?

Je ne doute pas que l’Esprit de Jésus saura trouver les voies qui nous permettront de rejoindre cette humanité en gestation d’un « HOMME » NOUVEAU. Nous ferons alors œuvre d’Église en faisant oeuvre d'humanité.

Oscar Fortin

Québec, le 15 novembre 2010

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mercredi 3 novembre 2010

JÉSUS DE NAZARETH

Voilà le personnage sans lequel aucune foi chrétienne ne saurait exister. Il en est le fondement et l’inspiration. Paul de Tarse déclarait aux Corinthiens que « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1 Cor. 15, 14). Aujourd’hui, avec autant de vigueur et de certitude, nous devons déclarer que « si Jésus de Nazareth, ce Jésus de l’histoire, n’existe pas notre foi est vide».

Il y a évidemment plusieurs façons de témoigner de cette certitude. De toute évidence, tous les chrétiens croient en l’existence de ce Jésus de Nazareth que les liturgies font revivre de sa naissance à sa mort sur une croix. Cependant, cette foi en l’existence de ce Jésus peut facilement conduire à un vide historique. En effet, n’y a-t-il pas une manière subtile d’en ignorer l’existence en en faisant un icône sans prise dans l’histoire des humains? N’est-ce pas ce qui se produit lorsque nous en faisons un personnage central de nos liturgies, de notre culte, tout en le soustrayant à l’histoire humaine dans laquelle nous vivons?

Le Jésus de l’histoire parcourt les routes de la Palestine, a soif et pleure. Il est bouleversé par la mort de Lazare, se retire à l’écart pour prier, voit les gens venir à lui pour l‘entendre parler de cette libération à laquelle ils aspirent, de ce royaume de justice et de paix auquel ils sont conviés. Il est cette voix qui se fait entendre, dénonçant les hypocrisies des uns et le manque de compassion des faiseurs de lois et des profiteurs. Il déclare bienheureux ceux qui œuvrent pour la paix tout comme ceux, solidaires des pauvres et des humbles de la terre, qui sont persécutés pour lutter en faveur de la justice. Il déclare bienheureux les cœurs purs, ceux et celles qui agissent sans arrière pensée, de bonne foi. Il est celui qui prend par la main cette femme adultère que les pharisiens se préparent à lapider, il la soustrait à ses juges et la renvoie avec amour et compassion. Ses accusateurs retournent chacun chez-soi avec ce message : « que celui qui est sans péché, lui tire la première pierre».

Ce Jésus de l’histoire a également laissé un enseignement qu’illustrent de nombreuses paraboles : celles de l’ivraie et du bon grain, de Lazare et de l’homme riche, du bon samaritain, des vignerons meurtriers, du vrai disciple, de la semence, de la lumière mettant au grand jour tous les secrets, de l’enfant prodigue que le Père accueille les bras grands ouverts. À ses disciples qui le suivent, il donne des consignes : le plus grand se fera le plus petit, le maître se fera le serviteur, qu’ils ne se munissent que du nécessaire, partageant tout superflu. Pour que ces consignes soient prises au sérieux, lui le maître, il lave les pieds de ses disciples les invitant à s’aimer les uns les autres comme lui-même les a aimés. À la dernière cène, il leur rappelle qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux et celles que l’on aime, sachant déjà que les grands-prêtres, les pharisiens, les docteurs de la loi ainsi que les puissances de ce monde caractérisées par l’hypocrisie, le mensonge, la manipulation complotaient déjà son arrestation et sa mise à mort. Sans doute le prix à payer pour avoir fait réalité la volonté de son Père sur terre. « Qui me voit, voit le Père. »

C’est ce Jésus de Nazareth qui continue de vivre, d’enseigner et de témoigner en tous ceux et celles qui s’en réclament non pas comme d’un icône mais comme d’un vivant dans notre histoire humaine. Il est toujours là parcourant le monde, ayant soif et pleurant devant autant de misère, autant d’incompréhension, de fanatisme, d’hypocrisies, de mensonges, d’injustices. Il est là, déclarant bienheureux ceux et celles qui luttent pour la justice, dénonçant les prédateurs et manipulateurs de toute espèce. Celui qui s’est défini « la Voie, la Vérité et la Vie » n’a pas baissé les bras et intercède toujours son Père pour que « sa volonté soit faite sur terre comme elle l’est dans le ciel». Dans la représentation qu’il nous donne du jugement dernier, il nous confirme sa présence dans tous ces recoins d’humanité où espèrent toujours les humbles de la terre à ce royaume de justice et de paix. Il rappelle que ceux et celles qui voudront le suivre le rencontreront là, au cœur de ce monde pour y témoigner de la solidarité, de la vérité, de la compassion et de l’amour.

Se questionner aujourd’hui sur notre foi et sur ce qu’elle est devenue dans les institutions ecclésiales auxquelles nous nous identifions ne peut se faire sérieusement sans revenir à ce Jésus de l’histoire et nous demander quel engagement serait le sien dans le monde qu’est le nôtre. Notre foi en ce Jésus de l’histoire ne peut plus être celle dont la principale expression se confine au monde du culte et des liturgies. L’ensemble des Églises chrétiennes doivent se repenser en totalité à la lumière de ce Jésus de l’histoire. N’est-ce pas lui qui dit aux hommes et femmes de tous les temps ce qu’est véritablement la volonté du Père pour l’Humanité. « Qui me voit le Père et qui me suit, aura la vie éternelleIl est l’HOMME NOUVEAU en qui l’humanité entière peut se reconnaître et trouver la vie.

« Le Parvis », situé entre l’église cultuelle et l’église de la diaspora, devrait, me semble-t-il, servir de passage pour mieux saisir l’importance de rejoindre ce Jésus de l’histoire toujours présent dans le monde qu’est le nôtre. « Ce que vous faites au plus petit des miens c’est à moi que vous le faites. » L’engagement de la foi demeurera toujours un engagement radical.

Oscar Fortin

Québec, le 3 novembre 2010

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