jeudi 9 août 2012

MAMMON ET L’EMPIRE



À LA CONQUÊTE DU MONDE


























Plusieurs articles sous la signature de gens aux croyances et non croyances les plus diversifiées, évoquent l’avènement, plus que probable, d’une troisième guerre mondiale. Le plus récent est celui de Richard Le Hir que l’on retrouve sur plusieurs sites. Le panorama des conflits qui font quotidiennement des centaines et des milliers de morts les interpelle dans leur conscience, fidèles qu’ils sont aux valeurs fondamentales de justice et de vérité, pierres sur lesquelles l’humanité peut se renouveler et croître
.


Je m’associe à cette démarche qui vise à comprendre ce qui se passe dans notre monde et à y identifier ceux et celles qui en sont les principaux acteurs. Cette réflexion s’ajoute à celles que j’ai déjà exprimées sur le sujet.

Les prétentions impériales des États-Unis

Les États-Unis (É.-U.) s’imposent comme la force dominante du monde non seulement en raison de sa puissance militaire, mais aussi par cette conviction qu’ils sont les mandataires providentiels pour diriger le monde vers le bien. Une auto proclamation qui les place au-dessus de l’ONU et du droit international.

On se souviendra de la manière avec laquelle Georges W. Bush avait tranché la question des bons et des méchants. « Il y a ceux qui sont avec nous et ceux qui sont contre nous. Les premiers sont les bons et les seconds sont les méchants. »

Ses collaborateurs et collaboratrices qui l’ont accompagné et les autres qui lui ont succédé ont maintenu cette perception de la réalité. Cette dernière repose essentiellement sur la prédominance absolue des intérêts et de la sécurité des États-Unis, fondée sur la volonté divine.

Cette même certitude avait été proclamée, en 2006, par Condoleezza Rice, alors secrétaire d’État aux Affaires extérieures. Elle avait pris la parole à un rassemblement de Baptistes.

« Le président Bush et moi-même partageons votre conviction que l’Amérique peut et doit être une force du Bien dans le monde. Le Président et moi croyons que les États-Unis doivent rester engagés comme leader d’événements hors de nos frontières. Nous croyons cela parce que nous sommes guidés par le même principe persistant qui donna naissance à notre propre nation : la dignité humaine n’est pas un don du gouvernement à ses citoyens, ni un don des hommes les uns aux autres; c’est une grâce divine à toute l’humanité. »

« Nous nous dressons pour des idéaux qui sont plus grands que nous-mêmes et nous parcourons le monde non pour piller, mais pour protéger; non pour asservir, mais pour libérer; non comme les maîtres des autres, mais comme les serviteurs de la liberté. »

On se souviendra également des propos tenus, récemment, par le prétendant républicain à la Maison-Blanche, Mitt Romney, qui déclarait que « Dieu avait créé les États-Unis d’Amérique pour dominer le monde.»

« Tout récemment, le président Obama, faisant le bilan de ses engagements internationaux devant le congrès annuel de l'organisation d'anciens combattants, se félicitait d’avoir renouvelé la capacité des États-Unis à diriger dans le monde. »

Pareille perception de soi-même ne peut que soulever de nombreuses questions en regard des interventions et des guerres fomentées par ces derniers à travers le monde. Que dire, également, de tous les moyens qui y sont utilisés pour tromper l’opinion publique et y ajuster les réalités non pas à la vérité des choses, mais à celle de leur convenance?  

Qu’on se souvienne de la guerre en Irak, en Afghanistan, en Libye et maintenant en Syrie sans oublier ces coups d’État et tentatives de coup d’État au Venezuela, au Honduras, au Paraguay, en Bolivie et en Équateur. Que l’on pense un instant à toutes ces révélations d’ex-militaires et d’agents de la CIA qui nous révèlent la cruauté de leurs actions, l’usage systématique de la corruption et l’énorme capacité de manipulation de l’information.

En tant que croyant en Jésus de Nazareth, je me demande comment le « fils de l’homme » des Évangiles dont ils se réclament, peut avoir quelque compatibilité avec la cupidité et le mensonge dont ils se font les témoins à travers leurs actions.

Celui que je connais et en qui je crois est plutôt un « fils d’homme » ou si l’on veut un « fils d’humanité », promoteur de justice, de solidarité, de partage, de vérité, de compassion, de respect et dont le royaume qu’il proclame ne s’impose ni par les armes ni par le mensonge, ni par la corruption, mais par le témoignage de vie au service du bien commun de l’humanité, en commençant par les plus pauvres, les plus délaissés, les plus dépendants.

Ce que m’inspirent certains textes anciens

Dans l’empire qui domine actuellement le monde, je retrouve toutes les caractéristiques de ce personnage mythique, MAMMON, dont nous parlent les écritures anciennes et de façon toute particulière les Évangiles.

Mammon, dont le nom en araméen signifie richesse, argent, est ce personnage mythique en qui se concentre tout à la fois la puissance qui rend possible toutes les conquêtes matérielles et qui permet de réaliser tous les rêves.  L’avidité et la cupidité en sont ses principales vertus. Il est celui qui domine au sommet de la pyramide humaine, dictant au monde ses quatre volontés. Tous les moyens sont bons pour qu’il en soit ainsi. Il est la loi des lois, l’empire des empires. Son rêve est de dominer et de disposer de toutes les richesses du monde. Selon l’évangéliste Jean (8,44) il est homicide depuis toujours et père du mensonge. 

Un tel portrait ne correspond-t-il pas à l’empire étasunien et à tous ses alliés chez qui le « capital » est la référence fondamentale du pouvoir et du développement? Ses guerres de conquête et de domination n’en sont-elles pas les principales activités? N’est-il pas celui qui dispose des armes les plus sophistiquées et des richesses les plus grandes pour satisfaire pleinement ses ambitions? Que dire maintenant de sa capacité de transformer en vérité ce qui n’est que mensonge, de bâtir des mises en scène qui n’ont rien à voir avec la réalité des faits? Le mensonge ne fait-il pas partie de sa nature?

En somme, le dieu dont se revendique l’Empire n’est-il pas plutôt le dieu de l'avarice, de la cupidité et de l'iniquité? N’est-il pas Mammon qui personnifie le pouvoir de l'argent et de la matière face à l'esprit, comme cela se voit dans Matthieu (6 : 24) "Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent." L’évangéliste Jean, pour sa part, en fait « le diable, homicide, menteur et père du mensonge ». Jean 8,44 

UNE CONFRONTATION INÉVITABLE

Bien des titres peuvent coiffer cette grande confrontation au terme d’un long cycle dominé par l’égoïsme, le pouvoir de l’argent et la tricherie. Pour ma part, j’y vois la confrontation entre l’empire du capital avec tout ce qui le caractérise et l’empire d’une humanité en quête de justice, de vérité, de respect, de solidarité et de tolérance. Une confrontation mettant en cause symboliquement Mammon, le dieu du capital et Jésus de Nazareth, le fils d’humanité.


Oscar Fortin
Québec, le 10 août 2012

1 commentaire:

Oscar Fortin a dit...

Un très bon article à lire qui met en évidence les grandes contradictions de l'Empire.

http://www.legrandsoir.info/les-etats-unis-et-leurs-compagnons-d-armes-al-qaeda-et-autres-contes-sur-un-empire-devenu-fou.html