mardi 31 décembre 2013

RIEN DE CACHÉ QUI NE SOIT RÉVÉLÉ

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Personne ne peut prétendre couvrir entièrement tout ce qui a marqué l’année 2013. Tout bilan demeurera partiel et partial en fonction des préoccupations et des intérêts de son auteur. 
Bien conscient de ces limites, je me risque à faire mon propre bilan de cette année qui prendra fin le 31 décembre 2013 à 24 h. 
La vérité est en marche et ne pourra pas être arrêtée (E.Snowden) 
Un des évènements des plus transcendants de cette année 2013 est sans nul doute l’ampleur qu’a prise la divulgation des documents secrets des États-Unis couvrant toutes ces communications des chefs d’État et de gouvernements.
Ce qui me frappe le plus, dans toutes ces opérations de divulgation des secrets d’État, ce sont les auteurs de ces fuites. Des jeunes, fin de la vingtaine, début de la trentaine, qui ont décidé d’agir par motifs de conscience. Je vous invite à lire sur chacun de ces auteurs dont la feuille de route a de quoi impressionner
Le premier à s’être manifesté est ce jeune militaire, Bradley Manning, qui aurait refilé à WikiLeaks des informations, entre autres, sur les tueries gratuites de civils effectuées par des soldats en Afghanistan. Fait prisonnier, torturé, il fut finalement accusé, quelques années plus tard, soit en 2013, d’aide à l’ennemi. Il seracondamné à 35 ans de prison. Voici ici le commentaire qu’a fait Julian Assange en référence à cette sentence. 
Le second est justement Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks. Mieux connu pour avoir fait à plusieurs reprises la une des médias. Réfugié, depuis 2012, à l’ambassade de l’Équateur à Londres, il y est toujours, le gouvernement d’Angleterre lui refusant un saufconduit pour se rendre dans son pays d’adoption qu’est devenu l’Équateur. De là, il poursuit ses activités. Il aura suivi et accompagné de très près les activités et les déplacements d’Edward Manning.   
Le troisième est précisément Edward Snowden qui a fait les manchettes pendant une bonne partie de l’année. Il est celui qui a donné, pour ainsi dire, une âme, une direction à cette grande opération de mise à jour de ce qui se passe derrière les rideaux de ceux et celles qui parlent au nom des peuples tout en ayant toujours plus à leur cacher qu’ils en ont à leur dire. Il a exprimé cette âme et cette direction dans une phrase prophétique « la vérité est en marche et ne pourra pas être arrêtée ». 

La quatrième personne, beaucoup moins connue, mais combien importante pour cette grande opération de mise à découvert de l’hypocrisie et des mensonges qui se cachent derrière ces gouvernements aux visages angéliques. Elle s’appelle Sarah Harrison. Elle est la spécialiste au service des lanceurs d’alerte. Une femme qui agit dans l’ombre, mais dont l’instinct et l’intelligence lui ont permis de déjouer les services secrets de Londres pour conduire Julian Assange à l’Ambassade de l’Équateur. Elle en fit tout autant avec Edward Snowden, déjouant les services d’intelligence étasuniens pour le conduire jusqu’en Russie.
 
Là où les consciences s’éveillent, les peuples se prennent en main 
On ne peut passer sous silence le décès d’Hugo Chavez, ce président à la stature d’un Bolivar, d’un Marti. Sa grandeur, comme homme et chef d’État, est inversement proportionnelle à la haine qu’ont mise ses ennemis pour le diaboliser et s’en débarrasser. À moins de 40 minutes de son décès, le 5 mars 2013, j’avais eu ces mots qui m’étaient venus comme une source jaillissante. Pendant plus de trois jours, des millions de personnes ont défilé devant son cercueil pour lui dire tout leur amour. Le passage de Chavez au milieu de son peuple et sa présence dans cette humanité débordant les frontières de son pays n’était pas le fruit du hasard ou d’une propagande bien orchestrée. Chavez cumulait en lui un engagement radical pour la justice au service des plus démunis, des plus pauvres, des plus dominés et exploités. Chavez a donné un sens à cette marche des peuples pour leur libération. Son successeur, Nicolas Maduro, poursuit sous cette même lancée.
Il en va de même pour cette victoire éclatante de cet autre grand leader de l’Équateur et de l’Amérique latine, Rafael Correa. En dépit des 80 millions de dollars investis par Washington et d’autres dizaines de millions par des multinationales pétrolières désireuses de se débarrasser des poursuites contre elles, Correa remporta la présidentielle avec une forte majorité et une participation record de l’électorat équatorien. Le pape François au sortir de sa rencontre avec le président Correa lui dit : je vous vois comme une laitue fraîche. Correa porte en lui, entre autres, la fraîcheur, l’intelligence, le courage, la détermination. 
Que dire maintenant, d’Evo Morales, président de ce petit pays, la Bolivie, dont une grande partie de sa population vit sur les hauts plateaux de la cordillère des Andes, pendant longtemps, le plus pauvre de l’Amérique latine? Voilà qu’il vient de mettre en orbite le premier satellite « Tupac Katari ». Un évènement transcendant pour ce pays des Mayas qui passe aux technologies de l’espace pour ses télécommunications avec le monde. À ceci s’ajoute, au niveau de son économie interne, une croissance qui atteint 6,5% pour 2013.
L’Afrique vient de perdre son icône, en la personne de Nelson Mandelaet le monde, une référence, utilisée selon les convenances de chacun. Sa mort, au-delà de la couverture mondiale qui le plaça au sommet, a donné lieu, également à un examen de conscience de tout ce qu’a vécu cet homme avant, pendant et après ses 26 années passées en prison. Je voudrais attirer votre attention sur trois interventions qui m’apparaissent particulièrement significatives. La première est celle de son grand ami, Fidel Castro. La seconde celle de Luis Basurto qui se demande pourquoi l’Occident adore Mandela. La troisième, parle de la seconde mort de Mandela. Des points de vue critiques que nos médias se sont bien gardés de relever. Je vous laisse le soin d’en apprécier vous-mêmes la valeur.
L’État du Vatican et l’Église avec la démission de Benoît XVI et l’arrivée du pape François sont soumis à de fortes bourrasques. Le nouveau pape a laissé de côté les apparats royaux pour se rapprocher de plus en plus des humbles et des pauvres de la terre. Il a également choisi de placer en toute première ligne l’esprit du message évangélique, le substituant à celui de la doctrine qui y occupait pratiquement toute la place. Ces changements d’attitudes sur la forme et les contenus réjouissent la grande majorité des croyants. Si le mouvement poursuit sa route en ce sens, le peuple de Dieu y retrouvera sa liberté et redeviendra un signe vivant des nouveaux paradigmes du règne du Père sur terre. Je vous réfère à un article récent sur le regard du pape François en relation à l’Église et au monde.
Des négociations de paix qui révèlent la tricherie des uns et la bonne foi des autres 
Depuis 2012, des négociations de paix sont entamées tant pour la Syrie que pour la Colombie. Dans ce dernier pays, le conflit dure depuis plus de 50 ans. En Syrie, le conflit est tout récent et de nature fort différente. Je voudrais relever, sans m’y étendre, les comportements des divers acteurs, parties au conflit, dans ces négociations.
En Colombie, les forces armées révolutionnaires et le gouvernement ont convenu d’une feuille de route et d’un encadrement pour amorcer et mener à bien ces négociations. Les partis se rencontrent en territoire neutre, Norvège et Cuba, et sont assistés par des conseillers de pays de l’Amérique latine, le Chili pour les négociateurs colombiens et le Venezuela pour les négociateurs des FARC-EP. 
Dès les premières rencontres les représentants des FARC-EP ont demandé au gouvernement un cesser le feu complet de part et d’autre pour la durée de ces négociations. Cette offre a été rejetée par le gouvernement qui a même promis d’accentuer sa lutte contre ces terroristes. N’empêche ce refus, la FARC-EP a décidé par la période des Fêtes de Noël et du Jour de l’An, un cessé de feu unilatéral. 
Les revendications des révolutionnaires ne portent pas sur le départ du président Santos, mais sur les conditions de vie des paysans et des victimes du saccage des terres et de leurs villages. Ils réclament une nouvelle constitution du peuple pour le peuple à travers les institutions démocratiques existantes. 
Cette négociation de paix occupe très peu de place dans les médias meanstream. La bonne volonté des négociateurs FARC-EP n’est jamais relevée, par plus que la nature de leurs revendications. 
Le président Santos demande à ses collègues latino-américains de ne pas s’immiscer dans ce processus de paix qui doit trouver sa solution à l’interne.  
En Syrie, la situation est toute autre. Le conflit est apparu dansla foulée des révolutions arabes dont nous connaissons maintenant les principaux promoteurs et acteurs. Ce qui s’était passé en Libye devait surgir en Syrie. Bien que ces conflits aient eu des composantes internes au pays, les principaux acteurs étaient surtout de l’extérieur. Ce ne sont plus des luttes pour assurer plus de justice, de démocratie, de liberté, mais des luttes pour le pouvoir et les richesses. 
Dans ces révolutions arabes, les principaux protagonistes sont les États-Unis avec l’OTAN, étroitement associés, en cela, avec les pays arabes qui partagent avec eux les mêmes objectifs. Ils apportent financement, armes, manipulation de l’opinion publique et tout ce qui va avec : mensonges, hypocrisies, tricheries, etc. 
La Russie avec plus d’insistance et la Chine en appui ont favorisé le respect du droit international ainsi que celui de la Syrie dans ses prétentions de pays indépendants et souverain. 
Les premières demandes de ces révolutionnaires ont été la démission immédiate du Président Al Assad et le cesser le feu unilatéral de la part du gouvernement. 
Nous sommes évidemment dans un contexte bien différent de celui qui prévaut dans les négociations de paix entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP. Dans le premier cas, ce sont des forces externes bien définies et des forces internes plutôt indéfinies regroupées dans une armée appelée « armée syrienne de libération » qui veulent tout décider, sans le peuple, tant du gouvernement en place que de la gouvernance à venir. Dans le second cas, celui de la Colombie, il s’agit d’un groupe révolutionnaire interne au pays, bien défini qui réclame une nouvelle constitution à l’image du peuple colombien et une démocratie qui en reflète les volontés. 
Le président Bachar al Assad a fait parvenir tout dernièrement une lettre au pape François. Question de nettoyer le paysage de l’information du brouillard dont il peut être enveloppé. 
Je termine ce survol bien subjectif de ce qui m’a particulièrement marqué tout au long de cette année 2013. 
IL ne me reste plus qu’à vous souhaiter une Bonne et Heureuse Année 2014 avec un regard toujours plus critique sur les évènements qui viennent à nous au quotidien. 
Oscar Fortin
Québec, le 31 décembre 2013