dimanche 21 avril 2013

LE PAPE FRANÇOIS VA-T-IL DÉCROCHER DE L’EMPIRE ?





Les vraies choses commencent à se manifester. Pour le moment, on ne saurait dire si c’est l’actuel secrétaire d’État, Tarcisio Bertone, qui a le contrôle des déclarations papales relatives à l’actualité internationale, ou si c’est le pape François qui dicte vraiment les propos que la presse internationale lui attribue.

Nous savons tous que le poste de Secrétaire d’État occupe une place centrale dans l’administration et les orientations politiques du Vatican. Les trois derniers cardinaux à occuper ce poste stratégique en sont une bonne illustration : le cardinal Agostino Casaroli, un antimarxiste convaincu (1979-1990), le cardinal Angelo Sodano, un ami proche des administrations étasuniennes (1990-2006), le cardinal Tarcisio Bertone, plus subtil, mais tout aussi fidèle au soutien des politiques de Washington et de la droite oligarchique en général (2006-20..).  La présence dans son entourage de Mgr Dominique Mamberti en est une bonne illustration.


Le remplacement de l’actuel secrétaire d’État donnera donc au monde un premier signal du pape François sur ses véritables intentions dans ses rapports avec l’ensemble des États et des peuples du monde.

La personne choisie répondra-t-elle aux pressions énormes qui lui viendront de Washington, de la droite latino-américaine et d’ailleurs? Sera-t-elle une personne complètement étrangère aux jeux des pouvoirs visant la domination du monde? Sera-t-elle suffisamment indépendante et éclairée pour se démarquer des politiques et orientations qu’on lui soufflera à l’oreille et qui culmineront à l'encontre du bien commun des peuples?

Il n’y a pas de doute que si la personne choisie appartient déjà à cette droite et à ce conservatisme, le pape François devra faire son deuil de l’enthousiasme suscité par son premier mois à la tête de l’Église. Si on se fit aux déclarations récentes, il n'y a vraiment rien d'encourageant pour ceux et celles qui espèrent une Église, enfin libérée des puissances dominantes de notre monde.

La déclaration officielle du pape qui a été transmise par le secrétaire d’État à l’occasion du décès de Mme Thatcher, saluant les valeurs chrétiennes de cette dernière, n’est pas de nature à  valoriser l’engagement chrétien.

La déclaration, toute officielle du Vatican et du pape, pour dénoncer les attentats de Boston, tout en taisant les attentats commis, le même jour, en Irak, en Syrie et au Venezuela n’est pas de nature à faire ressortir le caractère de la catholicité de l’Église.

Les salutations très chaleureuses du pape, transmises au nouveau Président, Giorgio Napolitano, réélu à la tête d’Italie dans un contexte de manigances politiques ne prêtant à aucune équivoque, contraste avec son silence et celui de l’épiscopat vénézuélien sur l’élection à la présidence du Venezuela de Nicolas Maduro, élection transparente et incontestée par tous les observateurs internationaux.

Ce n’est que ce dimanche, le 21 avril, qu’il dit quelque chose en relation avec le Venezuela, mais encore là, davantage influencé par la presse « meanstream » de l’empire que par une presse plus indépendante. La Maison-Blanche et l’épiscopat vénézuélien n’auraient pu écrire un meilleur texte.

« Je suis avec attention ce qui se passe actuellement au Venezuela. Je les accompagne avec une vive préoccupation, avec une prière intense et avec l’espérance que tous cherchent et trouvent les chemins justes et pacifiques pour surmonter le moment de graves difficultés que traverse le pays. J’invite le cher peuple vénézuélien, de façon toute particulière les responsables institutionnels et politiques à rejeter avec vigueur tout type de violence et à établir un dialogue basé sur la vérité, dans une reconnaissance mutuelle, dans la recherche du bien commun et dans l’amour pur la Nation.  Je demande aux croyants de prier et de travailler à la réconciliation et à la paix.  Unissons-nous dans une prière pleine d’espérance pour le Venezuela, la mettant entre les mains de Notre Dame du Coromot. » (Traduction de l’auteur)

Si le pape François, comme il le dit,  suit de près ce qui se passe au Venezuela, il ne peut ignorer un certain nombre de faits.

D’abord, que l’élection au Venezuela s’est déroulée dans un climat de grande tranquillité et de grande transparence ! Des observateurs, venus de partout à travers le monde, n’ont eu que des éloges de civisme et de participation démocratique du peuple vénézuélien. Près de 80 % se sont rendus aux urnes en toute tranquillité. 

En second lieu, le système électoral, considéré comme un des plus fiables au monde, a fonctionné comme prévu et les résultats, une fois arrivés à un point d’irréversibilité, ont été communiqués par les autorités compétentes du Conseil électoral national.

Troisièmement, le candidat défait, au lieu de prendre la voie prévue à la Constitution pour contester ces résultats, a plutôt incité ses partisans à manifester leur colère en sortant dans les rues. Ce fut la nuit des débordements de violence dont le bilan fut de 7  morts et de plus de 70 blessés sans compter les dommages causés aux centres de santé et aux divers services gouvernementaux.

Finalement, il ne pouvait ignorer la rencontre d’urgence, du 18 avril au soir, d’UNASUR, regroupant tous les pays de l’Amérique du Sud, pour faire le point sur ce qui se passait au Venezuela. Ils ont reconnu la pleine légitimité du président élu, Nicolas Maduro et ont condamné la violence suscitée par l’opposition. Ils ont fait appel au respect des institutions démocratiques.

Quelques interrogations

Comment se fait-il qu'il ne relève aucun de ces faits ? Comment ne pas relever et condamner fortement ce comportement du candidat perdant et la violence qu'il a suscitée et encouragée ? Il s’adresse plutôt aux autorités gouvernementales comme si elles étaient à l’origine de cette violence.

Comment se fait-il qu’il n’ait pas envoyé aux Vénézuéliens, comme ce fut le cas pour Boston, un message de réconfort pour les victimes de cette violence et de condamnation pour les auteurs de pareils crimes ?

Comment se fait-il qu'il n'ait pas relevé la présence de ces groupes de mercenaires, payés par des gouvernements étrangers et infiltrés au Venezuela à partir du Salvador et de la Colombie, pour y faire des attentats en vue de déstabiliser le gouvernement et mettre hors service les institutions démocratiques ?

Pourquoi autant de silences de la part de celui qui se porte à la défense des pauvres ?

Si ces premières déclarations relatives aux questions internationales reflètent sa véritable pensée, alors mieux vaut tourner la page sur une église au service des pauvres et pour les pauvres. Le pape François, pas plus que les autres, ne peut et ne pourra servir deux maîtres à la fois : l’empire et les pauvres, la cupidité et la solidarité, les oligarchies et la justice. Dans le cas présent, il sert les intérêts des oligarchies et ceux de Washington au détriment de son message pour les pauvres. Par de telles déclarations et prises de position, il perd toute crédibilité pour son message d'une Église pauvre avec et pour les pauvres. 

À sa défense, je dirai que s'il a été trompé par ses informateurs et ses fonctionnaires, il est urgent qu'il fasse un grand ménage et qu'il démontre ses véritables couleurs. Il est temps qu'il fasse appel à un véritable témoin des pauvres, qu'il le fasse cardinal et qu'il lui confie la haute fonction de Secrétaire d'État. Il ne faudrait surtout pas y voir un Marc Ouellet et quelqu'un d'autre du même formatage. 

L'avenir de sa crédibilité comme pasteur universel et de son pontificat au service des pauvres et pour les pauvres en dépend. Il en va de la vérité, de la justice et de la solidarité. Il en va du message évangélique lui-même.



Oscar Fortin
Québec, le 21 2013

5 commentaires:

Marius MORIN a dit...

On affirme un peu partout que les 100 premiers jours d’un gouvernement ou d’un nouveau dirigeant sont primordiaux. C’est à ce moment là que les grandes lignes de sa vision et de ses politiques se définissent. Le pape François n’a pas révolutionné quoi que ce soit pour le moment. L’Église a besoin d’une révolution, or un sourire, une poignée de main, un câlin ne suffiront pas. Ce ne sera que de la poudre aux yeux. Où est son message évangélique pour aujourd’hui, concernant la vie de l’Église, la politique internationale, la justice, la vérité, les guerres sales, le terrorisme, la soif colonisatrice de l’Occident (à Travers l’OTAN) qui continue de plus belle en envahissant et détruisant des pays souverains. Quand dénoncera-t-il les 4 pays les plus dangereux au monde : Israël et les États-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar?

Anonyme a dit...

/…Cette déclaration du pape François, « on ne peut croire en Jésus sans l’Église », a de quoi faire réfléchir sur la pensée théologique qui l’inspire. Elle n’est pas sans faire référence à cette autre expression, longtemps enseignée, « hors de l’Église, point de salut ». Dans sa même intervention, il a également ces affirmations « il est absurde de prétendre vivre avec Jésus sans l’Église » ou encore « rencontrer Jésus hors de l’Église n’est pas possible »…/

Le royaume des cieux est à l’intérieur de vous et Dieu est partout, alors s’il est partout il est aussi à l’intérieur de chaque homme. Sous-entendre qu’il faut passer par une autre instance extérieur c’est donc mentir à l’homme. C’est tenter de détourner l’enseignement du Christ vers une hiérarchie autoproclamée, extérieure à l’homme, qui se dit pompeusement l’intermédiaire entre dieu et l’homme; quelle prétention, quel abus de pouvoir et d’autorité.

Une autre chose de l’oligarchie religieuse à remettre en question par chacun, ce sont les notions de rédemption, de péché, de pardon, de salut, dont seule l’église mystérieuse se dit en avoir le secret pour résoudre le problème, et qui en réalité n’a jamais exister; inventer de toutes pièces pour nous asservir et nous tenir en laisse; ces notions n’existent pas dans l’enseignement du Christ! Et le Christ n’est pas ailleurs que dans le cœur de chacun des hommes, le temple du christ il est là, dans le cœur, l’église pour se garder le pouvoir pour elle-même a sorti le christ de notre cœur pour l’enfermer dans une prison; une église. Ceci fait partie du contrôle qu’exerce la soi-disant église d’un jésus sur l’esprit des hommes pour le posséder.

Anonyme a dit...

/…De toute évidence, le mot Église doit être libéré de bien des assertions pour que ces paroles du pape François trouvent une certaine consistance. Elles doivent pouvoir s’harmoniser avec ces autres paroles, entre autres, du jugement dernier qui ne font aucune référence à quelque foi que ce soit ou encore à ces propos de l’apôtre Jacques qui met en dialogue celui qui se réclame de la foi avec celui qui se réclame des œuvres.

Dans le cas du jugement dernier, Jésus déclare sauvés ceux qui ont donné à manger à ceux qui avaient faim, qui ont visité les malades, accueilli les étrangers, vêtu ceux qui étaient nus, etc. Il ne leur demande même pas s’ils le faisaient parce qu’ils croyaient en lui. Il ne parle ni d’Église, ni de sacrements ni de foi. « Mt, 23, 34-45)…/

La notion implantée de « jugement dernier » n’existe pas non plus. Le dieu de notre cœur, le Christ de notre cœur, l’essence de notre cœur, l’absolu de notre cœur, ou quel que soit le nom que vous lui donniez, est Amour; il a toujours été, est, et sera toujours qu’Amour de toute éternité, et il n’a absolument rien à voir avec un jugement quelconque; la seule loi s’il y avait loi est la loi de la Grâce. Par contre l’homme a inventé le jugement, un soi-disant bien, et un soi-disant mal, qui change avec les saisons, alors qui contrôle ce qui est soi-disant bien et ce qui est soi-disant mal? Ceux-ci contrôlent l’homme.

C’est le monde de la loi d’action et de réaction, du bien et du mal, de la recherche maladive de l’homme pour découvrir les causalités de ce monde. Découvrir les causalités de ce monde ne nous fera jamais sortir de la causalité du bien et du mal. Il n’y a pas de porte de sortie dans la recherche du bien et du mal. Tenter de résoudre l’équation du bien et du mal est insoluble. La solution n’est pas de ce monde. Il faut aller au-delà! Et cet au-delà a toujours été présent dans notre cœur. Vous êtes sur ce monde mais vous n’êtes pas de ce monde.

Ce monde est un monde de dualité? Et qui contrôle la dualité? Ce sont les mêmes qui contrôle ce monde! Sortir de la dualité c’est retourner au centre de notre cœur, là est la paix, là est la simplicité, là est la joie permanente, là est l’amour, là est l’unité entre tous les hommes, là est toute chose; l’inconnu même s’y trouve. Il n’y a pas de sauveur extérieur, il y a seulement un type qui se fait passer, ou qui se fera passé pour un sauveur extérieur; c’est ça l’anti-christ; le seul Christ véritable il est déjà présent dans le cœur de tous les hommes. Il n’y a rien à rechercher à l’extérieur de soi. L’évolution, la progression, l’amélioration, le karma, le péché, n’existe pas, cela fait partie de ce monde de castration de vos pouvoirs et de votre essence éternelle. Alors l’église de mon point de vue, c’est une escroquerie. À nous de voir!

La foi humaine ou le désir humain, les œuvres humaines, quelles qu’elles soient, sont aussi des arnaques des pouvoirs de ce monde pour vous contrôler et vous asservir. Il n’y a rien à faire, rien à expérimenter, rien à résoudre pour retrouver ce que nous sommes tous de toute éternité. Comment ce qui a toujours été parfait initialement de toute éternité, pourrait se rendre relatif un jour sur ce monde, se rendre éphémère, être limité entre la naissance et la mort, prisonnier d’un corps physique et d’un esprit implanté, et vouloir courir, illusoirement, sur ce monde, après les œuvres, avec foi, en croyant que cela le rendra parfait un jour lointain, et permettra sa rédemption? C’est une arnaque! À nous de voir!

Anonyme a dit...

/…Souhaitons qu’il résiste aux multiples influences conservatrices qui l’entourent et qu’il maintienne le cap sur une vision du monde au cœur duquel nous attend tous et toutes le ressuscité…/

L’image du Christ et sa résurrection est simplement une représentation temporelle extérieure par laquelle tous les hommes de la terre passeront chacun dans leur temps. La résurrection c’est retrouver notre essence dans notre cœur et rien d’autre. Laisser sous-entendre que la résurrection ne concerne qu’un Christ historique est un mensonge! Tous les hommes sont des Christs, qui s’ignore encore, peut-être, mais viendra un temps où tous le reconnaîtront à l’intérieur d’eux-mêmes.

Et les pouvoirs extérieurs ne veulent surtout pas que l’homme réalise ce qu’il est en réalité de toute éternité; c’est-à-dire un dieu, et tous les hommes sont des dieux, alors, ici sur ce monde, une soi-disant élite, veulent se garder pour elle-même, ce qu’ils appellent « des privilèges », pendant que le reste des hommes ne deviennent pour eux que des sous-hommes, des bêtes, ou des demi-dieux. Le Christ l’a bien dit : « Ce que j’ai fait, ces choses, vous tous, en ferez de plus grandes encore, que je n’en ai faites! » On vous a caché votre véritable identité!

Ne regardons pas ce qui a été anormal dans notre histoire comme dans notre vie personnelle, cela n’a qu’un temps, et cela doit être abandonné, car cela ne concerne pas ce que nous sommes réellement, mais ne regardons plutôt que ce qui est normal, sans jugement de ceux qui nous ont enfermés, et retournons tous à la source de ce que nous sommes et avons toujours été, des absolus, des purs esprits, inconnus peut-être encore sur ce monde, et au-delà de toute dualité et de tout jugement, et laissons les morts enterrés les morts sur ce monde pour aller avec les vivants d’un monde différent qui se présente aujourd’hui, au cœur de tous les hommes où tous les hommes sont Uns, parfait, amour, paix, pour toute l’éternité et même plus!

Oscar Fortin a dit...

@anonyme: Avec toutes les connaissances et certitudes que vous avez, vous pourriez sortir de votre anonymat et vous présenter à visage découvert. Vos certitudes sont sans retour et vous donnez l'impression de disposer des vérités éternelles. J'aimerais mettre un nom, autre que celui d'anonyme, sur le visage de celui qui dispose d'autant de certitudes.

Avec tout mon respect